N°69 / Varia

L’alphabétisation fonctionnelle dans les associations au Burkina Faso : cas de l’Association Féminine du secteur n°8 de Koudougo

Régina Véronique Odjola

Résumé

Résumé : Le présent travail porte sur l’alphabétisation, particulièrement dans les associations au Burkina Faso. On pourrait d’ores et déjà se poser la question : pourquoi alphabétiser (surtout les femmes) en langues nationales puisqu’il existe déjà un système formel d’enseignement au Burkina Faso ? L’alphabétisation en langues nationales permettra-t-elle d’adapter le système éducatif aux besoins du pays ?

Le Burkina fait face à de nombreux défis de développement dus en partie à l’analphabétisme d’une grande partie de sa population. Cela a pour conséquence immédiate la réduction de la réceptivité des populations aux enjeux du développement. De plus cela ne leur permet pas d’avoir des informations techniques sur leurs domaines activités.

Sachant qu’il faut des hommes et des femmes compétents pour promouvoir le développement à la base, des actions sont entreprises aussi bien au niveau de l’État, des Organisations non gouvernementales (ONG) que des collectivités locales. Ces actions consistent à mener des activités d’alphabétisation et de formations techniques. Au nombre de ces collectivités figure l’Association des Femmes de Koudougou (l’AFK). Cette association à travers des séances d’alphabétisation veut offrir à des personnes illettrées des chances d’optimiser leur rentabilité.

Mots clés : Alphabétisation, association, femmes, langues nationales, ONG

 

Abstract : The present work is a modest contribution to the study and research on literacy, especially in associations in Burkina Faso. Could already ask the question: why literacy in national languages ​​as there already a formal education system in Burkina Faso? The literacy in national languages ​​will she adapt the education system to the needs of the country?

Burkina faces many development challenges due in part to the illiteracy of much of its population. This has the immediate effect of reducing the susceptibility of people to development issues. Furthermore it does not allow them to have technical information on their activities areas.

Knowing that competent men need to promote grassroots development, actions are taken both at the state level, non-governmental organizations (NGOs) and local communities. These actions are to conduct literacy and technical training activities. In many of these communities include the Association of Women of Koudougou (AFK). This association through literacy sessions wants to offer illiterate people opportunities to maximize their profitability.

Keywords : Literacy, Association, women, national languages, NGOs

Regina Odjola - Université Marien NGouabi

regina.odjola@umng.cg

 

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Introduction

Le Burkina fait face à de nombreux défis de développement dus en partie à l’analphabétisme d’une grande partie de sa population. Cela a pour conséquence immédiate la réduction de la réceptivité des populations aux enjeux de développement. De plus cela ne leur permet pas d’avoir des informations techniques sur leurs domaines activités. Sachant qu’il faut des hommes compétents pour promouvoir le développement à la base, des actions sont entreprises aussi bien au niveau de l’État, des Organisations non gouvernementales (ONG) que des collectivités locales. Ces actions consistent à mener des activités d’alphabétisation et de formations techniques. Au nombre de ces collectivités figure l’Association des Femmes de Koudougou (l’AFK). Cette association à travers des séances d’alphabétisation veut offrir à des personnes illettrées des chances d’optimiser leur rentabilité.

L’Alphabétisation est de nos jours perçue comme une approche de développement et constitue en même temps un tremplin pour lutter contre la pauvreté. C’est fort de ce constat que notre objectif primordial est de faire d’abord des constats de la situation actuelle de l’AFK, de faire des suggestions par rapport au constat et enfin, faire des propositions qui vont contribuer à dynamiser les programmes de formation, à les rendre plus attrayants et plus appropriés aux sollicitations des bénéficiaires de l’Association Féminine de Koudougou.

Notre travail s’articulera autour des grands axes suivants :

  • cadre théorique de référence et méthodologique, présentation du cadre d’étude,
  • difficultés et suggestions au programme d’alphabétisation de l’AFK,
  • propositions de stratégies d’alphabétisation et de post alphabétisation.

1. Le cadre de la recherche

1.1. Justification et pertinence du sujet

L’Association Féminine de Koudougou est une structure qui œuvre non seulement pour l’épanouissement de ses membres mais aussi pour le bien-être de l’ensemble de la population du Boulkiemdé (une des provinces du Burkina Faso).

Cependant, l’analyse de son fonctionnement fait ressortir des déséquilibres et des insuffisances sur tous les plans liés à l’analphabétisme d’une grande partie de ces membres. Convaincue que seule l’éradication de cet analphabétisme peut permettre une participation active de chacun de ses membres à la vie de l’association, elle a mis sur pied un programme d’alphabétisation, d’assainissement et de formation en 2000.

Notre préoccupation dans ce présent travail est de voir si l’alphabétisation telle que pratiquée dans l’AFK arrive à former les ressources humaines capables de participer non seulement à leur propre développement, mais aussi à celui de la société à laquelle elles appartiennent.

1.2. Objectifs

Le présent thème vise dans sa globalité à dresser un bilan des activités d’alphabétisation de l’Association Féminine de Koudougou (AFK) et à dégager des pistes pour une alphabétisation efficiente dans le Boulkiemdé.

Ce travail cherche particulièrement à :

  • faire un état des lieux des différents programmes d’alphabétisation de l’Association Féminine de Koudougou en vue de dégager leurs limites,
  • inventorier les besoins et attentes des apprenants,proposer des stratégies d’alphabétisation et de post-alphabétisation pour remédier à l’analphabétisme des populations du Centre-Ouest en général et du Boulkiemdé en particulier,
  • faciliter et permettre la consolidation des acquis de l’alphabétisation par un suivi post-alphabétique.

Nous estimons que l’amélioration de la qualité de l’alphabétisation est le chemin de la valorisation des ressources humaines qui constituent un levier au développement de tout pays comme l’assure l’UNESCO au congrès international de Téhéran qu’elle a organisé en 19651.

1.3. Problématique

L’Association Féminine de Koudougou est persuadée de la nécessité de la mise en place des stratégies afin de permettre l’acquisition de connaissances par ses membres à travers l’alphabétisation. Toutefois un examen de la structure de l’AFK elle-même nous pousse à formuler la question suivante: de façon concrète quels changements positifs que l’AFK apporte dans la vie de ses membres à travers l’alphabétisation ?

Étant donné que chaque association a ses particularités, nous axerons notre étude sur les programmes d’alphabétisation dans l’optique de diagnostiquer les problèmes liés à son fonctionnement avant de proposer des solutions palliatives.

1.4. Hypothèses

Les réalités évoquées dans la problématique nous permettent de formuler les hypothèses suivantes :

  1. l’analphabétisme est un frein au bon fonctionnement de l’AFK. Il compromet les efforts que fournit l’association pour atteindre ses objectifs.
  2. l’analphabétisme est un obstacle au développement des activités lucratives et au bien-être socio-économique,
  3. les langues locales sont marginalisées et classées au second rang. Ce qui compromet leur valorisation et leur promotion à tous les niveaux,
  4. l’absence d’une politique de post-alphabétisation et l’inadaptation de la stratégie d’alphabétisation discréditent les programmes d’alphabétisation de l’AFK,
  5. l’insuffisance des moyens financiers nuit au bon déroulement des activités de l’association.

1.5. Cadre théorique

Notre étude porte sur le rapport entre l’alphabétisation et le programme de formation professionnelle permettant l’accroissement des capacités d’organisation, de gestion et de productivité des bénéficiaires. L’alphabétisation ne se justifie que dans des situations où l’analphabétisme des populations constitue un goulot d’étranglement des projets de développement.

Notre démarche entre donc dans le cadre de l’alphabétisation fonctionnelle. Ce concept est essentiellement une éducation liée au développement de par sa définition et vise à contribuer à la croissance économique et sociale par l’augmentation de la production et de la productivité de la population cible grâce à l’alphabétisation. La notion d’alphabétisation fonctionnelle est née après un constat de l’échec de l’alphabétisation traditionnelle qui se contentait de donner des connaissances à des apprenants sans les adapter à un quelconque programme d’accompagnement social. Partant de cette insuffisance, l’alphabétisation fonctionnelle a, dans sa mise en œuvre, intégré la volonté de transformer le statut social du public cible.

Notre étude s’inscrit donc dans la dynamique du changement social recherché par l’alphabétisation fonctionnelle.

2. Définition des différents concepts

2.1. Alphabétisation

Le concept « alphabétisation » est intégré au concept « éducation non formelle ». Pour des raisons étymologiques, il a été retenu de joindre « éducation non formelle » à « alphabétisation » d’où l’appellation « alphabétisation et éducation non formelle (AENF) ». Ainsi l’« alphabétisation » tout comme l’ « éducation non formelle » consiste à offrir à la majorité des communautés à la base analphabète un minimum éducatif basé sur des connaissances instrumentales (lecture, écriture et calcul) des compétences techniques en vue d’améliorer leurs conditions de vie. L’alphabétisation, une phase importante du programme, se réfère aussi à l’ensemble des mesures et actions destinées à permettre à un apprenant d’acquérir des connaissances qui lui seront utiles dans sa vie. C’est donc un dispositif qui tient compte des préoccupations de l’apprenant, d’où le concept de « alphabétisation fonctionnelle.

L’alphabétisation en langue nationale permet l’acquisition des connaissances instrumentales, des compétences techniques à travers la langue nationale.

2.2. La pré-alphabétisation

Est la phase préparatoire avant d’entrer dans la phase alphabétisation. Elle consiste à sensibiliser et à préparer la population sur le bien fondé de l’alphabétisation. Une pré-alphabétisation bien menée conduit à la réussite.

2.3. Alphabétisés ou néo-alphabétisés

Nous entendons par ces notions les auditeurs qui, à l’issue de l’alphabétisation initiale (AI) et de la formation complémentaire de base (FCB) ont été déclarés «  alphabétisés » dans l’année en cours.

2.4. Alphabétisés ou anciens alphabétisés

Ce sont les auditeurs qui ont fini leur formation et qui ont été déclarés admis par l’association il y a au moins deux ans. Ces derniers ont cessé de fréquenter les centres d’alphabétisation et sont intégrés ou cherchent à s’intégrer dans la vie active.

2.5. La post-alphabétisation

Est une phase importante du programme d’alphabétisation qui est selon Dumont « l’ensemble des mesures et actions destinées à permettre à un néo-alphabète d’exercer ses compétences, d’accroitre et de dépasser les connaissances acquises »2. La post-alphabétisation comprend trois aspects :

  1. la production, l’accessibilité de matériel d’application des connaissances acquises ;
  2. la création d’un environnement favorable aux acquis, au maintien et à promotion des acquis de l’alphabétisation ;
  3. la possibilité pour les néo-alphabètes d’accéder à des responsabilités accrues.

3. Méthodologie de la recherche

Ce point regroupe trois sous-points qui sont l’intérêt de l’étude, les résultats attendus et la méthode de collecte des données. Notre recherche vise à :

  • présenter l’AFK ;
  • faire connaître les programmes d’alphabétisation de l’AFK de 2000 à 2010 ;
  • proposer des stratégies d’alphabétisation et de post-alphabétisation à l’AFK. Ces stratégies ont pour objectifs de permettre la création d’un environnement lettré, de mieux outiller les bénéficiaires des programmes d’alphabétisation de l’AFK.

Notre espoir est qu’une telle étude par ses résultats puisse rendre plus dynamiques les programmes d’alphabétisation au profit de l’AFK et d’autres associations qui ont la même mission. Nous espérons par notre travail promouvoir l’alphabétisation et valoriser les langues nationales. Le combat contre l’ignorance ne peut être gagné qu’à travers des initiatives qui visent le développement des capacités intellectuelles, ce à quoi s’attelle l’AFK.

3.1. Collecte des données

Pour parvenir à réunir les données nécessaires à notre analyse, nous avons combiné trois méthodes :

  • premièrement, nous avons procédé à une recherche documentaire qui nous a permis de nous rendre compte de ce qui existe concernant l’objet de notre étude ;
  • deuxièmement nous avons conçu quatre questionnaires à l’adresse des acteurs de l’alphabétisation de l’association, administrés par nous-mêmes oralement et à l’écrit pendant le mois de juin 2010. Le premier a été adressé aux responsables à l’alphabétisation de l’association, le deuxième à l’équipe d’encadrement (animateurs, superviseurs), le troisième aux néo-alphabétisés et le quatrième aux anciens alphabétisés. Ces questionnaires nous ont permis, d’une part de nous imprégner des difficultés au sein de l’AFK et, d’autre part, de recueillir des propositions en vue de la mise en place d’une stratégie d’alphabétisation et de post- alphabétisation plus adéquate ;
  • troisièmement, nous avons eu l’opportunité d’assister à une séance de cours dans un centre. Cette observation directe nous a permis de nous rendre compte des réalités que vivent les apprenants dans les salles de classes et de compléter ainsi nos informations.

3.2. Revue de littérature sur l’alphabétisation des femmes

Il s’est agit pour nous non seulement de rechercher les travaux réalisés antérieurement sur notre objet d’étude mais aussi de relever les difficultés liées à notre recherche.

L’alphabétisation s’avère une nécessité dans les associations. Elle permet de doter ses membres de connaissances pour le bon fonctionnement des associations. La revue de littérature nous a permis de répertorier les travaux suivants qui ont un point commun avec le nôtre :

COULIBALY Filatieni (2004) : « L’alphabétisation dans l’association Munyu des Femmes de la Comoé ». Dans son document, l’auteur met l’accent sur l’efficacité des programmes d’alphabétisation et propose des stratégies d’alphabétisation et de post-alphabétisation pour mieux acquérir et mieux préserver les connaissances.

BORO Issa (1998) : « Alphabétisation dans le processus de mise en valeur de la vallée du Sourou : cas du groupement pré-coopératif agricole de DEBE II ». Il s’est agit pour l’auteur de passer en revue les activités d’alphabétisation des paysans du Sourou et d’indiquer les voies et moyens pour enrayer l’analphabétisme des paysans du Sourou afin d’accroitre leur productivité.

BANCE Halidou (1996) : « Proposition pour une stratégie de post- alphabétisation dans l’association des femmes PAG-LA-YiRI ». Partant du constat que cette association ne produisait pas réellement de documents, l’auteur a proposé une stratégie de post- alphabétisation afin d’aider les auditeurs à mieux conserver leurs acquis.

MILLOGO. M. LOUISE  (1994) : « L’alphabétisation de la femme comme maillon de développement au Burkina Faso. Travail final de stage de formation en population et développement ». Partant du fait que la femme est à la base de tout développement, l’auteur a basé ses recherches sur les voies et moyens qui pourront la libérer afin de permettre un développement conséquent de la société.

KABORE née SAWADOGO (C.) (1990) : « La post-alphabétisation au Burkina-Faso : voies et moyens », rapport de D.E.A. Dans son rapport, l’auteur fait cas de la post-alphabétisation, relève les difficultés et tente de trouver les voies et moyens pour une post-alphabétisation efficace.

ILBOUDO Paul Taryam (1989) : « Alphabétisation et autogestion des groupements villageois ». Dans son ouvrage, l’auteur cherche à savoir comment l’alphabétisation peut aider les paysans à pouvoir gérer eux-mêmes leurs groupements. Il se penche également sur les stratégies d’alphabétisation intensive exécutée au Burkina Faso.

Au regard de ce qui précède, il est clair que notre recherche est loin d’être pionnière en la matière. Cependant elle est un modeste apport aux recherches sur l’alphabétisation.

3.3. Remarque

L’enquête s’étant déroulée dans les mois de juin-juillet, moment des travaux champêtres et moment où la campagne d’alphabétisation tire vers sa fin, il nous a été difficile de toucher certaines personnes-ressources comme les superviseurs et les animateurs de centre pour un entretien. Grâce à la compréhension et à l’aide de la responsable nous avons pu en contacter quelques-uns qui ont enrichi nos recherches.

Nous avons été confrontée à une autre difficulté à savoir l’incapacité de certains auditeurs à remplir les questionnaires. En effet, nous avions estimé que le questionnaire traduit en langue mooré aiderait beaucoup les auditeurs, mais nous avons constaté que certains avaient des difficultés pour les remplir alors nous étions obligés de faire un entretien avec ces derniers dans le but de compléter les questionnaires.

4. L’Association Féminine de Koudougou

Son siège se trouve au secteur n°8 de Koudougou, ville située dans la région du centre Ouest dont elle est le chef lieu. L’AFK est une structure apolitique. L’idée de créer cette association est née du constat que l’union fait la force avec en aval des bénéfices innombrables pour ses adhérents. En effet, elle résulte de la fusion de quatre centres d’alphabétisation dans le but était qu’un grand centre supporterait mieux les charges que quatre centres disséminés. Voilà pourquoi les membres des différents centres d’alphabétisation ont décidé de s’unir.

L’AFK est une association qui compte 400 membres environ dont la majorité est constituée de femmes. Environ deux tiers de ces membres sont analphabètes. Conscientes que seules les actions de formation à travers l’alphabétisation peuvent aider à disposer de membres compétents dans la gestion de leurs activités, l’association a initié un programme d’alphabétisation.

Les premiers centres ont vu le jour en 2000-2001 avec quatre centres regroupant chacun trente (30) apprenants. Le nombre de centres a connu une augmentation. De quatre centres en 2000 on passe à plus de 50 centres en 2010. Les langues d’alphabétisation sont le moré, le lyélé et le fulfuldé. Ces deux dernières ne sont dispensées que dans un centre chacun. Cela tient du fait que la langue moré de par son statut véhiculaire est parlée dans presque toutes les localités où intervient l’AFK.

L’AFK est en effet un réseau qui existe depuis 2000 et comporte 4 centres d’alphabétisation. Ces centres sont situés  au secteur N°1 où nous avons l’ABCAV (voir sigles à la fin du document); au secteur n°2 où se trouve le centre Lagem Taaba ; au secteur n°6 où le centre Wend Waoga et au secteur n°8 qui abrite le centre Kis Wend Sida. Ces centres forment chacun environ 30 personnes par an.

Vu les acquis et la mobilisation enregistrés, le réseau s’élargit et intervient depuis 2001-2002 dans les petits villages et départements de la ville de Koudougou (Kindi, Salbisgo, Ramongo, Kokhologo, Poa….)

4.1. Les objectifs de l’AFK

Les objectifs poursuivis par l’AFK sont essentiellement les suivants :

  • sensibiliser, rassembler et organiser les femmes de la ville, des villages et des départements de Koudougou (Kindi, Salbisgo, Ramongo, Kokhologo, Poa….) ;
  • contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la femme à travers l’application d’une vraie politique de libération ;
  • participer avec les hommes au développement économique, social et culturel du pays en général, et de la région du Centre-Ouest en particulier ;
  • lutter contre l’analphabétisme en assurant une éducation et une formation adéquates des apprenantes ;
  • contribuer à l’éveil de la femme à travers des initiatives individuelles ou collectives pour son intégration réelle dans le développement économique, social et culturel à la protection de l’environnement ;
  • développer les liens de solidarité entre ses membres.

Pour la réalisation de ses objectifs, l’AFK à l’instar des autres associations s’est dotée de structures et d’instances de fonctionnement.

4.2. Structures et instances de fonctionnement

L’AFK est présente dans les villages, les secteurs et les communes de la province du Boulkiemdé. Elle a un bureau national qui regroupe les quatre bureaux de l’association et les autres associations du Centre Ouest. Le bureau général de l’AFK compte 12 membres élus en assemblée générale sauf la responsable Madame BENAO qui est signataire. Les autres bureaux comptent chacun treize membres. L’AFK dispose de trois instances au total :

  • une assemblée générale organisée par le bureau régional et l’AFK est représentée par sa coordinatrice ;
  • une assemblée départementale où chaque bureau départemental envoi des délégués ;
  • une assemblée de base réunissant tous les membres des villages ou des secteurs.

4.3. Les différents domaines d’intervention de l’AFK

L’AFK ne se limite pas à l’alphabétisation stricte de ses membres. Elle intervient dans d’autres domaines. Cela dans le souci de doter ses membres d’outils pour un mieux être. Ainsi nous pouvons citer :

Gestion d’un centre de formation professionnelle

Parmi les domaines d’intervention de L’AFK nous avons un centre de formation professionnel. A l’issue de cette formation les bénéficiaires pourront se réinvestir à des fins économiques. Ils reçoivent les formations dans les différents domaines suivants :

  • instruction civique ;
  • économie domestique ;
  • hygiène et santé (hygiène alimentaire, hygiène domestique)
  • assainissement (de porte en porte) ;
  • puériculture ;
  • travaux manuels (teinture, broderie) ;
  • ateliers de fabrication (fabrication de savon, soumbala, beurre de karité…) ;
  • suivi/évaluation.

Formations spécifiques

Le domaine de l’alphabétisation concerne plusieurs rubriques qui sont :

  • la sensibilisation ;
  • l’inscription en AI. FCB. FTS :
  • le renforcement des capacités des membres à travers les séminaires les formations et les recyclages ;
  • le suivi/évaluation.

5. Alphabétisation et partenariat dans le Boulkiemdé

La province du Boulkiemdé, située dans le centre Ouest du Burkina-Faso, est limitée au Nord par le Passoré et Kourweogo ; au Sud par le Sanguié et la Sissili ; à l’Est par le Kourwéogo et le Bazèga à l’Ouest par le Sanguié. Elle a une superficie de 4138 km2 avec une population d’environ 462477 habitants selon le recensement 2003. Elle compte une vingtaine d’opérateurs en alphabétisation.

5.1. L’action de l’État

L’État est le premier partenaire de l’AFK. Il y intervient en matière d’alphabétisation dans la province du Boulkiemdé à travers le service d’alphabétisation qui est un service spécialisé de la Direction Régionale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation du Centre- Ouest (DREBA/CO).

Ce service coordonne et planifie les activités d’alphabétisation à l’échelle de la région. Il effectue un suivi administratif des centres par échantillonnage, analyse les rapports de la DREBA/CO et des opérateurs. À travers la Direction Provinciale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation (DPEBA), il apporte son appui technique et administratif aux programmes initiés par l’AFK et les collectivités locales. Cette Direction Provinciale organise le recrutement et la formation des animateurs et superviseurs de l’AFK comme toutes les autres associations en collaboration avec les opérateurs/opérateurs et les entreprises. Elle effectue le suivi pédagogique des centres par niveau d’apprentissage, c’est-à-dire de l’AI à la FTS en passant par la FCB.

5.2. L’action des autres partenaires de l’AFK

Le FONAEF intervient dans l’AFK financièrement pour l’ouverture des centres pour l’alphabétisation, pour la réalisation des différentes activités et pour les formations ou recyclage des animateurs-superviseurs.

La coopération suisse est l’un des partenaires de l’AFK depuis sa fusion. C’est grâce à elle que l’AFK a pu ouvrir l’A3F (Apprentissage du Français Fondamental et Fonctionnel) et d’autres centres de formations.

La mairie de Koudougou intervient à l’AFK dans le domaine des activités d’assainissement et de formation des acteurs de l’alphabétisation à travers l’EPCD.

5.3. L’action des collectivités locales

Parmi les collectivités locales qui interviennent dans le domaine de l’alphabétisation dans le Boulkiemdé, les plus connues sont :

  • l’OCADES, (Association Catholique pour le Développement et la Solidarité) qui œuvre pour le bien- être de la population à travers plusieurs actions. Il intervient à travers l’alphabétisation dans la ville de Koudougou et dans certains villages ;
  • la FENA (Association Femmes Environnement et Assainissement) ;
  • l’AMB (Action Micro Barrage) ;
  • l’AMUS (Association les Mains Unies du Sahel) ;
  • l’AMI (Alliance Missionnaire Internationale) ;
  • les paroisses d’Imasgo, de Kokolgho, de Sabou ;
  • d’autres partenaires financiers comme la mairie de Koudougou, Association Guetawende…

Toutes ces collectivités, comme l’AFK œuvrent pour le bien-être de leurs membres à travers l’alphabétisation. Elles améliorent leurs capacités opérationnelles à travers leurs tâches quotidiennes.

6. Les stratégies d’alphabétisation

À l’AFK, les bénéficiaires des programmes d’alphabétisation sont associés à l’organisation des campagnes d’alphabétisation. À chaque campagne, une action de sensibilisation est entreprise par l’AFK. Cette action a pour objectif de montrer l’intérêt de l’alphabétisation, des changements qu’elle peut apporter aussi bien sur le plan individuel que sur le plan communautaire. C’est également l’occasion pour les responsables à l’alphabétisation de préciser les conditions d’ouverture des centres dans un village.

À l’issue de cette séance de sensibilisation, les villages intéressés introduisent une demande auprès de l’AFK avec la liste des auditeurs.

Au regard du nombre de villages demandeurs, l’AFK élabore un budget à l’adresse de ses partenaires financiers. Pour la campagne 2007-2008, par exemple, près de quarante centres ont été ouverts.

En ce qui concerne les apprenants, ce sont les animateurs qui les choisissent. La tranche d’âge dégagée pour le recrutement se situe entre 18 à 60 ans. Le nombre d’auditeurs par centre est de trente et l’AFK désire que ce nombre comporte un tiers d’hommes, c'est-à-dire 20 femmes et 10 hommes par centre. Malheureusement, le taux des hommes inscrits est nettement en deçà de la fourchette qui leur est accordée.

Pour le recrutement des formateurs, le test est organisé par la Direction Provinciale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation (DPEBA). Chaque candidat doit avoir fait l’alphabétisation pendant au moins 2 à 3 ans. Et après l’admission il suit une formation de vingt-et-un (21) jours pour l’Alphabétisation Initiale (AI) et de quatorze (14) jours pour la Formation Complémentaire de Base (FCB) assurée par le Service de l’Alphabétisation (SA).

6.1. Les sessions d’alphabétisation

Le programme alphabétisation est identique à celui défini par l’Etat. C’est un programme déterminé par l’Institut National de l’éducation de Base Non Formelle (INEBNF) qui fournit les guides pédagogiques et les documents de base. L’application dudit programme est placée sous la tutelle du Service d’Alphabétisation de chaque province. À l’instar des autres opérateurs en alphabétisation, le programme de l’AFK comprend trois sessions :

  1. L’Alphabétisation Initiale (AI) qui dispense en 300 heures les cours d’apprentissage dans le domaine de la lecture, de l’écriture et du calcul. Ces activités pédagogiques permettent à l’apprenant d’avoir des connaissances acquises pour résoudre certains problèmes liés à sa vie quotidienne. À l’AFK, elle va de mars à mai. Comme documents pédagogiques, les apprenants disposent d’un syllabaire et d’un livret de calcul. L’animateur, lui, dispose d’un guide de l’animateur.
  2. La Formation Complémentaire de Base (FCB) : elle vise à consolider les aptitudes acquises en AI. Elle vise également à dispenser à l’alphabétisé un minimum de savoir, de savoir-faire et de savoir être considérés comme indispensables dans la vie sociale et professionnelle.
  3. Les Formations Techniques Spécifiques (FTS): elles donnent aux néo-alphabétisés des deux premiers niveaux des techniques qui leurs permettent d’assurer au sein de leur communauté des fonctions et des responsabilités pour lesquelles l’alphabétisation serait un atout indispensable. Elles visent à créer les conditions d’un transfert de compétences aux néo-alphabétisés. Elles couvrent tous les domaines du développement à savoir l’environnement, l’agriculture, l’élevage, la gestion, la santé, la vie familiale, etc.

Notons que la méthode utilisée pour ces différentes sessions est la méthode semi-intensive. Les horaires des cours sont déterminés de commun accord avec les apprenants. Les centres fonctionnent sur une période de soixante dix jours sans les dimanches et les cours ont lieu très souvent entre 14 heures et 18 heures. Chaque formateur doit respecter les horaires, les programmes et les jours d’évaluation.

L’AFK s’est fixée plusieurs objectifs qui sont des résultats d’ordre qualitatif et quantitatif. Il s’agit ici des résultats que l’AFK a pu obtenir à l’issue de l’évaluation lors de la campagne d’alphabétisation. Nous avons pu avoir les résultats quantitatifs et qualitatifs de deux sessions.

6.2. Les résultats qualitatifs

Les bénéficiaires des actions de l’AFK doivent être capables à la fin de l’alphabétisation de :

  • lire, écrire et calculer en langue nationale afin de sortir de l’ignorance ;
  • prendre des notes lors des différentes rencontres ;
  • s’organiser dans leurs activités quotidiennes ;
  • adopter de nouvelles attitudes en matière de santé, d’hygiène et d’éducation des enfants ;
  • participer efficacement au développement de leur localité à travers les nouvelles connaissances qu’ils auront acquises ;
  • s’auto prendre en charge à travers les différentes formations socio-professionnelle.

Pour arriver à appréhender l’impact de l’alphabétisation et des formations ponctuelles sur les populations, nous avons, d’une part, demandé aux bénéficiaires (c'est-à-dire aux néo et anciens alphabétisés) de nous situer sur les changements qu’ils ont observés dans leur vie suite aux connaissances acquises dans les centres, d’autre part nous avons interrogé les responsables à l’alphabétisation dans l’AFK sur l’attitude des bénéficiaires depuis qu’ils ont commencé à fréquenter les centres. La synthèse des principaux changements relevés nous permet de retenir trois domaines d’impact : économique, socioculturel et organisationnel.

  1. Au plan économique
    Les bénéficiaires affirment utiliser les acquis de l’alphabétisation pour mieux organiser leurs activités économiques. Pour certains bénéficiaires, l’acquisition des notions de calcul leur a permis de maîtriser la comptabilité de base et de mieux mener leurs opérations commerciales. Une autre retombée est l’accessibilité de certains alphabétisés au rang d’encadreur. Ces néo-alphabétisés, grâce à la maîtrise de l’écriture, du calcul et de la lecture, accèdent à un emploi rémunérateur, source de promotion sociale.
  2. Au plan socioculturel
    L’alphabétisation et les formations au sein de l’AFK ont transformé les habitudes des bénéficiaires. Ces changements embrassent l’éducation, la santé, l’hygiène, l’agriculture et les habitudes culturelles.
    Les bénéficiaires disent cerner davantage l’intérêt qu’il y a à aller à l’école ; à aider leurs enfants dans leurs études, à se faire alphabétiser et à aider aussi leurs familles : « Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, mais je sais que les savoirs aujourd'hui sont très importantes dans toute entreprise, alors j’ai décidé de me faire alphabétiser pour avoir un esprit ouvert et pouvoir aussi aider mes enfants dans leurs études ».
    Un autre changement relevé est le recours à l’écrit lors des différentes rencontres. Selon les responsables à l’alphabétisation, des changements s’opèrent : « Les femmes savent lire et écrire. Certaines peuvent prendre des notes pendant les rencontres ». Cela témoigne de l’intérêt que les femmes accordent à l’alphabétisation et du fait que l’écriture leur permet de fixer leurs acquis.
    Au niveau de l’agriculture, les bénéficiaires disent que les acquis en calcul leur permettent de mieux suivre le calendrier cultural. De même, ils maîtrisent mieux le dosage des intrants agricoles (engrais, pesticides…) et n’hésitent pas à recourir aux semences améliorées.
    Au niveau de la santé et de l’hygiène, les bénéficiaires affirment avoir appris beaucoup de choses grâce aux causeries de conscientisation. Désormais, ils savent qu’il faut se rendre à l’hôpital ou dans un centre de santé lorsqu’on est malade pour se faire soigner. Ils savent également quelles dispositions prendre pour éviter certaines maladies. Ils ont quelques notions sur la posologie des médicaments couramment utilisés.
    Au niveau culturel les bénéficiaires ont pris conscience des effets néfastes de certaines pratiques telles que l’excision, le mariage forcé ou précoce. Cela permet à la société de lutter contre ces pratiques. Grâce à l’alphabétisation, les bénéficiaires ont une connaissance plus large du monde.
  3. Au plan organisationnel
    Grâce à l’alphabétisation, les populations perçoivent les avantages qu’il y a en s’organisant en groupement, en association. Elles perçoivent l’importance du groupe et savent désormais que seul on ne peut aboutir à rien. Elles connaissent davantage la structuration d’un groupement, se familiarisent avec les tâches qui reviennent à chaque membre de bureau. Cela permet à l’AFK de se doter de membres capables de participer aux causeries/débats pour son meilleur fonctionnement.
    Le fait de se retrouver au centre crée des rapports de familiarité et de solidarité entre les auditeurs. Ce qui contribue à instaurer la cohésion familiale et sociale. Les bénéficiaires savent désormais s’organiser dans leur famille.

6.3. Les résultats quantitatifs

Il s’agit ici de travailler à ce que les bénéficiaires puissent partager leurs expériences, leurs connaissances avec ceux qui n’ont pas pu se faire alphabétiser. Il s’agit essentiellement de :

  • sensibiliser la population sur les bienfaits, le bien fondé de l’alphabétisation ;
  • faire bénéficier au plus grand nombre de personnes des retombées de l’alphabétisation ;
  • créer beaucoup plus de centres d’alphabétisation et de formation pour former beaucoup plus de gens.

Nous nous intéresserons aux résultats des deux dernières campagnes d’alphabétisation celle de 2008-2009 et de 2009-2010. Le tableau suivant représente les différentes données.

 

Résultats de la campagne 2008-20093

Type de formation Nombre de centres Sexe Inscrits Évalués Taux évaluation Nombre d’admis Taux succès Échec et abandon Taux de déperdition
AI 41 H  175  162  92,57  153  94,44  22 12 ,57
F  1011 950  93,96  919  96,73  92  9,09
T  1186  1112  93,26  1072  95,58  114  9,61
FCB 40 H  177  170  96,04  166  98  11  6,20
F  702  660  94,01  633  96  69  9,80
T  879  830  95,02  799  97  80  9,10
A3F 02 H  01  01 100  01  100 00 00
F  59 50 100 59  100  00  00
T  60 60 100 60 100  00  00

H=Homme            F=Femme               T=Total

AI = Alphabétisation Initiale
FCB = Formation Complémentaire de Base
A3F = Apprentissage du Français Fondamental et Fonctionnel

 

Analyse des résultats (tableau)

Au cours de la campagne 2008-2009, l’AFK a ouvert au total quarante et un(41) centres et a pu alphabétiser mille cent quatre vingt six(1186) apprenants en AI soit mille onze (1011) femmes et cent soixante-quinze (175) hommes. Le taux moyen des inscrits par rapport aux prévisions est de 96,42% soit une prévision de mille deux cent trente (1230) apprenants. Cela témoigne d’une mobilisation pour la formation. Le taux de déperdition est de 9,61% soit 12,57%pour les hommes et de 9,09% pour les femmes avec un taux de succès de 95,58%. La couche féminine enregistre le taux de succès le plus élevé 96,73% contre 94,44% pour les hommes.

Au compte de la FCB, l’AFK a pu assurer la formation dans quarante (40) centres. Sur mille soixante douze (1072) auditeurs déclarés admis à l’issu de l’AI, huit cent soixante dix-neuf (879) se sont inscrits pour la FCB soit un taux moyen de 81,96% par rapport aux prévisions. Ces chiffres témoignent de l’engouement qu’ont les apprenants à approfondir leurs connaissances. Au total huit cent trente (830) inscrits ont été évalués, soit un taux de 95,02%. Le taux de succès est de 97% soit 98% pour les hommes et 96% pour les femmes. Le taux de déperdition a baissé de 0,51% comparativement à celui de la AI (9,61%).

Au compte des innovations en alphabétisation, la A3F de la première année intégrée a pu assurer la formation dans deux (02) centres aux secteurs n°8 et n°1. Sur un total de soixante (60) inscrits soit un (1) homme et cinquante neuf (59) femmes, soixante (60) auditeurs ont été déclarés admis soit un taux de 100%. Le taux de déperdition est de 0%. Cela montre également l’intérêt que portent les auditeurs à cette formation.

Lorsque nous observons ces chiffres nous remarquons que le nombre d’apprenants de sexe féminin dépasse largement celui du sexe opposé. Cela nous amène à conclure que les femmes se battent beaucoup pour leur bien-être et le développement de leur famille par la recherche de connaissances. Aussi le contenu des formations (fabrication de savon, de soumbala, de beurre de karité, de pommade…) n’intéresse pas beaucoup les hommes.

 

Résultat de la campagne 2009-20104

Type de formation Nombre de centres Sexe Inscrits Évalués Taux évaluation Nombre d’admis Taux succès Échec et abandon Taux de déperdition
AI 13 H 43 42 97,67 42 100 01 2,32
F 326 312 95,70 291 93,70 32 9,40
T 369 354 96,68 342 96,85 33 8,84
FCB 21 H 154 123 79,87 99 80,48 41 26,62
F 748 696 93,04 608 87,35 163 21,79
T 902 819 87,90 707 83,91 204 22,61
A3F 09 H 21 21 100 21 100 00 00
F 249 249 100 249 100 00 00
T 270 270 100 2170 100 00 00

H=Homme            F=Femme               T=Total

 

Commentaire du tableau

Pour la campagne 2009-2010 ce sont au total treize (13) centres qui ont été ouverts en AI. Sur trois cent soixante-neuf (369) auditeurs inscrits, trois cent quarante-deux (342) ont été déclarés admis, soit un taux de réussite de 96,85%. Le taux de déperdition s’élève à 8,84%, soit 9,40 pour les femmes et 2,32 pour les hommes.

Pour la FCB, 21 centres ont été ouverts, neuf cent deux (902) auditeurs ont été inscrits, soit un taux de réussite de 83,91% dont 87,35% pour les femmes et 80, 48% pour les hommes. Le taux de déperdition est de 22,61%. Au total les femmes enregistrent le taux de succès le plus élevé. Ce qui témoigne de leur intérêt pour l’approfondissement de leurs connaissances.

Quant aux FTS (Formations Techniques Spécifiques), elles ont connu le succès. Tous les deux cent soixante-dix (270) inscrits ont suivi les formations jusqu’à terme, avec un taux de succès de 100% et de déperdition de 0%.

Ces formations se repartissent en différentes sections qui sont la préparation du beurre de karité et la fabrication de savon liquide ou en boule, la fabrication de soumbala et enfin la teinture.

Ces différentes formations ont lieu dans neuf (09) centres repartis dans trois (03) villages (Kindi : 01 centre ; Nadiala : 01 centre ; Sourgou : 01 centre) et à Koudougou (06) centres. Lorsque nous comparons les résultats et les centres ouverts pour l’année 2008-2009 et l’année 2009-2010, nous constatons une régression au niveau de l’ouverture des centres pour l’année 2009-2010. Nous avons voulu connaître les motifs de cette régression. Les raisons évoquées sont le financement insuffisant par FONAEF (Fond National pour l’Alphabétisation et l’Éducation non Formelle) cette année pour l’ouverture de beaucoup de centres.

Cela constitue à notre sens une difficulté très grande pour la réalisation des objectifs visés par l’AFK pour l’alphabétisation massive.

6.4. Impact et appréciations des résultats obtenus par rapport aux attentes

Sur le plan qualitatif , on peut dire que les résultats attendus par l’AFK ont été en grande partie atteints dans la mesure où elle est parvenue à alphabétiser des populations dont certaines aujourd’hui ont réussi à réinvestir les acquis dans les domaines comme l’agriculture, l’élevage, la santé, l’hygiène. En outre, l’AFK dispose désormais de membres dont certains arrivent à prendre des notes au cours des rencontres. D’autres parviennent à devenir des animateurs ou superviseurs à l’issue d’un test. Ce qui constitue une promotion pour eux et pour l’AFK.

Enfin, certaines pratiques culturelles néfastes sont abandonnées progressivement par les bénéficiaires grâce à l’alphabétisation car ils arrivent à percevoir leurs inconvénients.

Sur le plan quantitatif, en dehors de l’accroissement du nombre de centres, des acquis au niveau des habitudes culturelles grâce à la sensibilisation (abandons progressifs de certaines pratiques néfastes), les résultats ne sont guère encourageants.

Les alphabétisés déclarent travailler uniquement entre eux. Cette situation rend difficile l’acquisition de la lecture et de l’écriture par ceux qui ne fréquentent pas les centres.

Un autre constat que nous avons fait lors de la collecte des données est que des personnes déclarées alphabétisées l’année précédente se réinscrivent pour suivre les mêmes formations. Elles prétendent procéder ainsi pour éviter le retour à l’analphabétisme et aussi éviter de rester sans rien faire. Cela, à notre avis, a pour conséquence de limiter les acquis au niveau quantitatif.

6.5. Les difficultés du programme d’alphabétisation de l’AFK

Les difficultés rencontrées par l’AFK dans l’exécution de ses programmes d’alphabétisation sont surtout de divers ordres : matériel, pédagogique, financier et socioculturel.

6.5.1. Au plan matériel

L’AFK ne dispose pas suffisamment d’infrastructures. Ainsi dans certains secteurs ou villages les auditeurs prennent les cours dans des conditions difficiles. Dans d’autres, l’AFK utilise des locaux qui sont la propriété d’autres structures. Cela est dû au fait que le choix des locaux est laissé à chaque responsable de centre qui veux ouvrir ses portes. L’AFK accompagne chaque centre en l’équipant de tables bancs. Cet accompagnement ne se fait pas sans difficulté.

Une autre difficulté matérielle qui touche les encadreurs et particulièrement les superviseurs est le problème du déplacement. En effet, l’AFK dispose certes des motos qui sont réservées à la présidente et aux responsables des centres. Mais cela est insuffisant car les encadreurs sont obligés de trouver eux-mêmes des moyens de déplacement pour accomplir leurs tâches. De plus, la même difficulté matérielle au niveau des animateurs à notre sens joue sur l’apprentissage comme l’affirme un auditeur lors de notre entretien : « L’insuffisance de moyen de déplacement pour nos animateurs est un grand problème pour nous car il occasionne des retards de certains et nous met en retard dans notre programme. »

6.5.2. Au plan pédagogique et administratif

À ce niveau, on peut retenir le fait qu’un bon nombre d’auditeurs a des problèmes en lecture et en écriture comme l’affirment certains encadreurs et d’autres apprenants. Des auditeurs arrivent à utiliser les ardoises pour écrire mais dès qu’il s’agit d’écrire au tableau ou dans les cahiers ils éprouvent des difficultés. Nous l’avons constaté lors du remplissage de notre questionnaire.

Il y a aussi le problème de la discipline. Certains auditeurs sont distraits pendant les séances d’apprentissage. D’autres bavardent pendant les cours. La ponctualité n’est pas toujours respectée et l’une des animatrices affirme que les retards perturbent l’apprentissage.

Un autre problème que relèvent certains apprenants est le manque de diplôme à la fin de la formation. D’autres affirment que la formation est insuffisante et qu’ils n’ont que leurs cahiers comme documents. Cela ne leur permet pas d’acquérir suffisamment de connaissances. D’autres enfin disent ne pas avoir les notes de leurs évaluations. Cela ne les encourage pas à poursuivre l’apprentissage.

Notons enfin que le temps consacré à la formation ou au recyclage des animateurs est insufflant (21 jours pour la AI et 14 jours pour la FCB).

6.5.3. Au plan financier

A l’AFK, la majorité des auditeurs sont des femmes et la plupart exerce des activités lucratives en dehors du centre pour assurer leurs charges que les maris n’assurent pas. Alors ces dernières ont des difficultés pour concilier la fréquentation des centres et leurs activités (petit commerce, agriculture…). Cela explique la faible fréquentation des centres.

Un autre problème financier concerne l’insuffisance de la prise en charge des encadreurs pendant les sessions de formation ou de recyclage. Les auditeurs, après leur formation sont laissés à eux-mêmes et ne réussissent pas à mener des activités rémunératrices. En effet certains animateurs qui quittent des zones éloignées pour rejoindre le lieu de formation le font à leurs propres frais. D’autres se plaignent du désintéressement qui ne couvre pas l’ensemble de leurs dépenses. Cela a pour conséquence la démotivation, le découragement et l’abandon.

6.5.4. Au plan socioculturel

Certains auditeurs fréquentent moins les centres d’alphabétisation pour des raisons familiales (réticences du mari ; maladie, décès…). D’autres par contre craignent les réactions de l’entourage. Une auditrice de 49 ans affirme qu’elle avait cessé de fréquenter le centre car elle ne pouvait plus supporter les moqueries des autres et même les coups de bâton de son mari lorsqu’elle revenait chaque fois des cours. Elle ajoute que les gens perçoivent mal l’alphabétisation. Pour eux les centres d’alphabétisation sont des lieux de distraction. Personne ne peut réussir en passant par l’alphabétisation aussi, pourquoi apprendre à écrire la langue que l’on connaît et que l’on parle bien.

Un autre problème est que les hommes ont gardé cette mentalité traditionnelle africaine qui reléguait les femmes au second plan et ne permettait qu’aucune ne soit scolarisée ou alphabétisée. Alors, ils empêchent leurs femmes de fréquenter les centres d’alphabétisation.

6.6. Les suggestions pour minimiser les difficultés

Comme propositions de solutions aux difficultés relevées ci-dessus, les populations demandent à l’AFK de :

  • mettre l’accent sur la sensibilisation des populations afin qu’elles comprennent davantage les raisons pour lesquelles elles fréquentent les centres ;
  • équiper les centres afin d’offrir aux apprenants un cadre idéal pour les cours ;
  • insister sur la formation des formateurs, car la réussite des activités au programmes dépend  de leur bonne formation ;
  • lever les différentes inquiétudes des encadreurs ;
  • mettre des moyens de déplacement à la disposition des superviseurs ;
  • revoir la formule et la période de formation pour permettre aux apprenants d’acquérir beaucoup plus de connaissances ;
  • travailler à asseoir un système de petits crédits pour les femmes qui fréquentent les centres afin qu’elles puissent mener des activités génératrices de revenus ;
  • travailler à délivrer des attestations ou des diplômes à tous les lauréats en fin de formation ;
  • permettre aux apprenants d’avoir accès à leurs notes d’évaluation afin de les encourager dans leur apprentissage,
  • permettre à tous les apprenants d’avoir accès aux séances de formation que l’association organise.

7. Post-alphabétisation et évaluation des besoins des apprenants

Il y a lieu de se rappeler ici que l’un de nos objectifs dans le présent travail est de faire une proposition de stratégies d’alphabétisation et de post-alphabétisation. Si des acquis ont été enregistrés en alphabétisation, la post-alphabétisation elle, demeure non abordée.

La nécessité d’une post-alphabétisation n’est donc plus à démontrer, car la réussite d’un programme d’alphabétisation dépend en grande partie des actions menées en vue du maintien des acquis.

Le contenu d’un programme de post-alphabétisation doit s’appuyer sur les réalités du terrain et sur les objectifs visés à travers l’alphabétisation.

La présente évaluation que nous nous proposons de faire s’appuie donc sur des facteurs ci-dessus relevés et vise particulièrement à :

  • partir des insuffisances de l’actuel programme pour faire des propositions en vue de son amélioration. Il s’agit de voir ce que les auditeurs préfèrent que l’on ajoute à l’actuel programme pour qu’il réponde parfaitement à leurs attentes ;
  • inventorier les besoins des bénéficiaires en matière de post-alphabétisation.

Avant toute entreprise, le volet pré-alphabétisation n’est pas à négliger. Il s’agit ici de s’assurer qu’il existe un volet pré-alphabétisation car elle joue un rôle très important dans la réussite du programme d’alphabétisation.

LE QUESTIONNAIRE

Notre instrument principal de collecte de données est le questionnaire. Il a été élaboré en français, traduit en mooré et administré aux néo-alphabétisés. Le questionnaire a été élaboré en français pour les anciens alphabétisés, les animateurs et les responsables de l’AFK. Il comporte trois volets :

  1. le volet introductif porte sur l’identité de l’enquêté ;
  2. le volet opinion porte sur le contenu de l’actuel programme et traite des apports de l’alphabétisation aux éditeurs, des difficultés rencontrées et des propositions qu’ils font en vue de l’amélioration du programme ;
  3. le volet post-alphabétisation porte sur les obstacles qui empêchent le maintien des acquis et sur les stratégies de maintien des acquis.

 

LE PUBLIC CIBLE ET L'ÉCHANTILLON

Notre public cible est l’ensemble des acteurs de l’alphabétisation de l’AFK (bénéficiaires, encadreurs, superviseurs, responsables à l’alphabétisation). Ce choix se justifie par le fait que nous avons voulu avoir une idée sur tous les contours du programme et atteindre de ce fait notre objectif. Nos enquêtés ont été en grande partie des femmes. Cela s’explique par le fait que nous nous trouvons dans le cadre d’une structure féminine.

L’enquête a concerné un échantillon de vingt-six (26) personnes dont treize (13) néo-alphabétisés, six (06) anciens alphabétisés ; cinq (05) encadreurs (dont deux (02) superviseurs et trois (03) animatrices) et deux (02) responsables de l’AFK. Le nombre d’hommes enquêtés est de un (01), soit 4% des personnes enquêtées et l’âge des enquêtés est compris entre dix huit (18) et cinquante sept (57) ans.

 

Tableau récapitulatif

Enquêtés Homme Femmes Total
Néo-alphabétisés 00 13 13
Anciens alphabétisés  01  05 06
Superviseurs  00 02 02
Animateurs  00  03 03
Responsables  00  02 02
Total  01 25 26

 

7.1. Dépouillement et analyse des résultats

Le volet alphabétisation

Il a été introduit pour permettre aux enquêtés de se prononcer sur le programme en cours et d’en relever les faiblesses. Tous les vingt six (26) enquêtés que nous avons rencontrés ont reconnu à l’unanimité que l’alphabétisation éveille l’esprit et permet de mieux comprendre les choses, à sortir de l’ignorance.

1. À la question « L’alphabétisation vous a-t-elle apporté un plus dans votre vie ? ». Les réponses se présentent comme suit :
  • Au sujet de l’ouverture d’esprit six (6) anciens alphabétisés sur six soit 100%affirment que « l’alphabétisation aide à ouvrir l’esprit, permet l’acquisition de nouvelles connaissances ».
  • Quatre (4) néo-alphabétisés sur treize soit 30,76% affirment qu’en plus de l’ouverture d’esprit ils arrivent à lire, à compter, à s’occuper bien de leur petit commerce.
  • Un (1) autre soit 7,69% affirme que l’alphabétisation lui a permis de mieux se connaître.
2. À la question : « Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? »
  • Six (6) néo-alphabétisés soit 46,15%, un (1) ancien alphabétisé soit 16,66% affirment qu’en fin de formation ils n’ont pas de travail, et restent inactifs.
  • Deux (2) néo-alphabétisés soit 15,38% affirment qu’on ne leur délivre pas d’attestation en fin de formation. Ce qui les décourage souvent.
  • Trois (3) soit 23,07% affirment se heurter aux réticences de leurs maris et à la marginalisation de la société.
  • Deux (2) néo-alphabétisés soit 15,38% disent avoir des difficultés en lecture, calcul, écriture et affirment en plus que la formation est insuffisante.
  • Cinq (5) anciens alphabétisés soit 83,33% affirment qu’en plus du fait que la période de formation est insuffisante, ils rencontrent des problèmes d’ordre financier ; d’écoulement difficile des produits qu’ils ont fabriqué lors de formation ou après leur formation.
  • Un (1), soit 16,66% dit n’avoir aucune difficulté.
3. À la question « Selon vous qu’est-ce qui manque dans l’actuel programme d’alphabétisation de l’AFK ? »
  • Cinq (5 ) auditeurs soit 38,46% affirment qu’il faut que l’AFK fournisse des efforts pour octroyer des aides ou des crédits aux femmes pour les motiver et leur permettre de mieux s’organiser.
  • Deux (2) néo-alphabétisés soit 15,38% disent que la période de la formation est très courte et qu’il faut la prolonger pour leur permettre de mieux apprendre et aussi qu’il faut que la formation commence tôt.
  • Trois (3), soit 23,07% affirment que l’AFK doit revoir le problème de bancs pour certains centres et le moyen de déplacement pour les encadreurs.
  • Deux (2) soit 15,38% disent que l’AFK doit tout faire pour délivrer des attestations pour les sortants qui prouvent qu’ils sont aptes et qui leur permettront d’obtenir un métier plus tard ainsi ils seront encouragés.
  • Un (1), soit 7,69% pense qu’il faut mettre l’accent sur l’apprentissage d’activités manuelles comme la teinture, la couture, le tissage, la broderie, l’élevage, l’agriculture pour consolider les acquis.

Le volet post-alphabétisation

Nonobstant l’absence d’actions dans le domaine de la post-alphabétisation au sein de l’AFK, nous avons cherché à savoir ce que font les néo-alphabétisés et les anciens alphabétisés pour maintenir les acquis, hors du centre. Ce volet de l’enquête a concerné vingt-six enquêtés.

1. À la question « Que faites-vous pour maintenir ce que vous apprenez au centre ? » Nous avons :
  • Sur les treize (13) néo-alphabétisés six (6) soit 46,15% affirment réviser dans les livres et dans les cahiers une fois à la maison.
  • Cinq (5) sur six anciens alphabétisés soit 83,33% affirment la même chose.
* À la même question reformulée en ces termes « Que faites-vous à l’AFK pour le maintien des acquis des auditeurs ? »
  • Deux (2) encadreurs, soit 40% affirment qu’il faut bien les encadrer, subvenir à leurs besoins et respecter les heures des cours.
  • Un (1), soit 20% affirme qu’il faut l’apprentissage des métiers tels que l’élevage le tissage, la gestion… pour qu’ils maintiennent ce qu’ils ont appris.
  • Un (1) autre, soit 20% dit qu’il faut une formation après l’évaluation pour qu’ils maintiennent ce qu’ils ont appris.
  • Un (1) autre préfère s’abstenir.
2. À la question « Y a-t-il des difficultés à maintenir vos acquis ? »
  • Neuf (9) des treize (13) néo-alphabétisés soit 69,23% affirment abandonner les cahiers et les livres après les centres. Ce qui ne les permet pas de consolider ou de maintenir ce qu’ils ont appris.
  • Deux (2) soit15, 38% ont exprimé des difficultés liées aux charges familiales (ménage, entretien des enfants etc.), à la pauvreté, à l’insuffisance de la formation, toute chose qui les empêche d’exploiter les documents.
  • Un(1), affirme que l’ignorance ; le fait de ne pas bien connaître l’importance de l’alphabétisation peut être source d’oubli de réviser.
  • Un (1) autre auditeur affirme que le fait de ne pas publier les notes de l’évaluation, de ne pas délivrer les attestations, peut démotiver les apprenants.
3. À la question « Quels genres de documents voulez-vous lire ? »
  • Six (6) sur treize (13) soit 46,15% souhaitent avoir des documents en mooré, deux (2) autres soit 15,38% souhaitent les avoir en français,
  • Trois (3) auditeurs soit 23,07% souhaitent avoir des documents qui traitent de la santé, de l’élevage, l’agriculture,
  • Deux (2) autres soit 15,38% souhaitent avoir des documents qui abondent dans la gestion, le commerce. Ils pensent que la bonne gestion dans le commerce entraîne la réussite.
  • Les deux (2) autres (15,38%) désirent avoir des documents relatifs à toutes sortes de connaissances.
4. Concernant les propositions d’activités pour la post-alphabétisation, nous avons recueilli les avis suivants :
  • Sur les vingt six (26) enquêtés, six (6) néo-alphabétisés soit 46, 15% estiment qu’il faut bien suivre les cours et apprendre à écrire en écoutant les animateurs.
  • Quatre (4) néo-alphabétisés (30,03%) souhaitent que l’on mette l’accent sur les travaux manuels pour que les apprenants puissent appliquer ce qu’ils ont appris ;
  • Un (1) auditeur soit 7,69% pense qu’il faut doter les apprenants de toutes sortes de documents en moré et en français ;
  • Un (1) autre soit 7,69% pense qu’il faut étaler la période des enseignements pour permettre une bonne formation ;
  • Un (1) néo-alphabétisé a préfère s’abstenir sur la question.
* La même question adressée aux encadreurs et aux responsables de l’alphabétisation les réponses suivantes ont été données :
  • Trois(3) sur sept (7) informateurs soit 42,85% souhaitent qu’on ouvre beaucoup plus de centres pour aider les populations, qu’on mette l’accent sur les formations et la sensibilisation surtout des maris ;
  • Deux (2) informateurs soit 28,57% souhaitent qu’on puisse octroyer des micros-crédits aux femmes pour leur permettre de faire leurs petits commerces.
  • Un (1) informateur soit 14,28% veut que les formations soient suivies de pratique sur le terrain.
  • Un (1) autre (14,28%) à préféré s’abstenir sur la question.
* À la question « Êtes-vous prêts à acheter des documents ? »
  • Tous les néo-alphabétisés soit 100% ont répondu par l’affirmative mais neufs ;
  • (9) d’entre eux soit 69,23% ajoutent qu’ils n’ont pas d’argent et que si l’AFK pouvait les aider dans ce sens.

L’interprétation des résultats

L’interprétation des réponses du questionnaire concerne aussi les deux volets de l’alphabétisation à savoir le volet alphabétisation et le volet post-alphabétisation.

Le volet alphabétisation

De l’analyse des nombreuses réponses du questionnaire, nous pouvons retenir que l’alphabétisation, loin d’être une distraction comme l’affirment certains, est un canal par lequel on peut améliorer sa vie. Tous les bénéficiaires reconnaissent avoir noté des changements positifs dans leur vie quotidienne. Ils affirment être passés d’un stade « d’ignorance » de « tâtonnement » à un stade où ils perçoivent mieux les choses, comprennent davantage certaines réalités. De plus l’alphabétisation leur a permis de pouvoir se contrôler vis-à-vis de certaines habitudes néfastes. Et, l’acquisition de la technique de la lecture, du calcul, et de l’écriture leur permet d’exercer avec aisance leurs activités quotidiennes. En somme, grâce à l’alphabétisation, de nouveaux horizons leur sont ouverts.

Cependant, des difficultés d’ordre divers sont enregistrées dans ce volet et empêchent son bon déroulement. Notons que certains alphabétisés rencontrent des difficultés dans certaines disciplines comme le calcul, l’écriture. Les problèmes en calcul concernent la multiplication et la division comme l’affirment certains auditeurs. Cela est dû à la complexité de ces deux opérations dont la maîtrise demande un effort intellectuel soutenu.

Ces différentes difficultés prouvent que l’alphabétisation telle qu’elle est menée n’arrive pas à procurer aux alphabétisés toutes les habiletés de base que sont la lecture, l’écriture, et le calcul. Ces habiletés sont pourtant indispensables pour une structure comme l’AFK où des sessions de formation sont souvent programmées et pour une population dont les activités principales sont surtout l’agriculture et le petit commerce.

Pour ce qui est de l’appréciation de l’actuel programme, les bénéficiaires pensent que dans l’ensemble il répond à leurs attentes. Néanmoins des insuffisances ont été relevées. Ces insuffisances concernent le manque de documents, l’absence de certains modules de formation comme la couture, le tissage qui sont dispensés de façon ponctuelle et irrégulière. Le manque de documents s’explique par l’absence d’une politique de post-alphabétisation. Et, la documentation appropriée est un support de référence pour réussir un enseignement et un apprentissage. Quant aux modules dispensés de façon ponctuelle il y a lieu de les revoir pour leur intégration dans le programme d’alphabétisation.

De l’hypothèse liée à l’analphabétisme comme frein au développement des activités de l’AFK, les bénéficiaires reconnaissent que l’AFK fait des efforts pour combattre leur ignorance afin de leur procurer une vie stable et une meilleure gestion de leurs activités. Cependant certaines difficultés entravent le bon déroulement des activités de l’association. Ces difficultés sont liées aux problèmes sociaux comme la réticence des maris, les préjugés et moqueries de certaines personnes envers les apprenants de l’association. Les difficultés d’ordre administratif à savoir la non délivrance des attestations aux apprenants déclarés alphabétisés et le non accès à leurs notes d’évaluation sont une barrière au bon déroulement du programme car elles engendrent des découragements qui démotivent les auditeurs pour l’apprentissage. De ce constat nous concluons que l’hypothèse 2 est vérifiée.

Quant à l’hypothèse sur le fait que nos langues locales sont marginalisées, nous avons pu la vérifier par notre entretien avec les auditeurs. En effet il est ressorti de notre entretien que la population n’accorde pas beaucoup d’importance aux séances d’alphabétisation car pour elles, il ne sert à rien d’apprendre une langue qu’on maîtrise déjà et pire encore on ne peut aller nulle part avec un diplôme en langue nationale. Partant de ce fait nous concluons que l’hypothèse 3 est vérifiée.

Le volet post-alphabétisation

De l’hypothèse liée à l’absence d’une politique de post-alphabétisation, nous avons pu constater que c’est le volet où il y a plus de difficultés du fait que l’AFK ne dispose pas effectivement d’une bonne politique de post-alphabétisation. Les efforts fournis par les encadreurs et par 64,74% (c'est-à-dire environ une douzaine) des bénéficiaires se limitent à des séances de révision dont la fréquence est faible. On ne peut donc pas dans ce cas améliorer les résultats et pire encore, l’analphabétisme se développe. L’équipe d’encadrement dont certains 45% (environ 2,25 personnes) des formateurs que nous avons pu toucher ignore ce que c’est que la post-alphabétisation et reste impuissante face à cette difficulté.

Soucieux de savoir si des difficultés entravent le maintien des acquis des auditeurs, nous avons vite découvert que les bénéficiaires en majorité des femmes ont des tâches quotidiennes qui difficilement vont de pair avec le processus d’apprentissage. En effet, après les corvées quotidiennes ces femmes ne disposent plus de la moindre énergie pour s’exercer.

Les types de documents auxquels les bénéficiaires s’attendent le plus embrassent les domaines socio-économiques. Il s’agit des documents sur la santé, l’agriculture, la gestion, le commerce. Cela s’explique sans doute par le fait que les bénéficiaires pensent beaucoup profiter de ces acquis de l’alphabétisation plus tard.

La méconnaissance du volet post-alphabétisation a fait que les enquêtés n’ont pas donné des propositions fiables au sujet d’activités post-alphabétisation. Néanmoins quelques propositions ont été faites et concourent toutes à la création d’un environnement où le néo-alphabétisé et même l’ancien alphabétisé pourront valoriser leurs acquis. L’instauration de cet environnement passe par la production, la diversification et la dotation en documents qui répondent aux besoins des auditeurs.

Au regard des résultats de l’enquête, nous pouvons déduire que l’alphabétisation dans l’AFK a permis de sortir des hommes et des femmes de l’ignorance. Des acquis ont été enregistrés mais le programme mérite d’être revu à certain niveau pour la satisfaction de l’ensemble des acteurs.

Nous réitérons au moins trois de nos hypothèses de départ. S’il est vrai que les programmes d’alphabétisation rencontrent des insuffisances, il demeure vrai que l’AFK doit travailler à l’épanouissement harmonieux des apprenants. Par conséquent, elle doit offrir à l’apprenant une formation complète.

Au regard de cette situation et vue que l’AFK n’est pas la seule structure qui tente de sortir ses membres de l’analphabétisme nous avons essayé de généraliser les résultats.

Conceptualisation et généralisation des résultats

Les résultats de l’enquête nous révèlent que le programme d’alphabétisation au sein de l’AFK se heurte à de nombreuses difficultés.

Les principales difficultés sont d’ordre pédagogique, financier et social. Ces difficultés, loin d’être propres à la seule association, peuvent être généralisées à d’autres structures du pays, à partir du moment où les acteurs de l’alphabétisation sont soumis aux mêmes conditions de travail. Voilà pourquoi nous apportons notre modeste contribution afin de solutionner les difficultés liées au programme d’activités dans nos associations en général et dans l’AFK en particulier.

Face à ces difficultés, il convient de proposer des stratégies efficaces d’alphabétisation et de post-alphabétisation car la réussite d’un programme d’alphabétisation ne saurait être visible sans une politique de post-alphabétisation.

8. Proposition de stratégies de pré et post-alphabétisation

Pour permettre à l’AFK de pouvoir atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés nous proposons des stratégies de post-alphabétisation.

8.1. La pré-alphabétisation

La pré-alphabétisation englobe l’ensemble des activités entreprises avant le passage à l’alphabétisation. C’est une activité de préparation à l’action d’alphabétisation proprement dite. Pour réussir un programme d’alphabétisation il faut bien mener la pré-alphabétisation.

À l’AFK, nous avons constaté que cette rubrique du programme même si elle est exploitée, tous les paramètres ne sont pas pris en compte.

La sensibilisation/négociation

Avant d’entreprendre toute activité d’alphabétisation il faudrait d’abord une sensibilisation et une négociation qui consiste à faire :

  • une étude du milieu ;
  • une étude de faisabilité.

Une étude sérieuse et exhaustive du milieu nécessite de disposer d’une équipe pluridisciplinaire afin de :

  • inventorier les préoccupations des bénéficiaires ;
  • lister les besoins et les classer par ordre de priorité ;
  • connaître les ressources disponibles ;
  • élaborer un programme adapté et concevoir des documents ;
  • recenser les difficultés prévisibles et en chercher des solutions.

Après l’étude du milieu vient l’étude de faisabilité. Elle consiste à prendre des contacts avec toutes les personnes ressources (politiques, coutumières, religieuses, habitants avertis) afin de s’assurer :

  • de la disponibilité des fonds et du matériel;
  • du soutien politique nécessaire ;
  • de l’engagement des populations à prendre part à l’opération ;
  • de la disponibilité des locaux pour l’alphabétisation et l’accueil.

Le cas de cette femme qui avait cessé de fréquenter le centre d’alphabétisation pour des raisons sociales et le manque des bancs pour les animateurs témoignent de l’insuffisance de la sensibilisation/négociation par l’AFK.

Il va falloir donc adopter une nouvelle stratégie ou intensifier les actions en cours pour montrer aux populations l’intérêt qu’il y a à se faire alphabétiser. Il faut leur montrer que la langue d’alphabétisation est capable de les faire accéder aux savoirs technologiques et scientifiques. C’est seulement quand les populations percevront l’intérêt de l’alphabétisation qu’elles souscriront davantage au programme.

Recrutement et formation continue ou recyclage des formateurs

Le recrutement et la formation continue ou recyclage des formateurs est une étape très importante de la pré-alphabétisation. Après le recrutement, les formateurs ont besoin de connaissances solides pour pouvoir les transmettre aux auditeurs sans la moindre difficulté. Leur bonne formation est donc une des conditions de l’amélioration quantitative des programmes. A l’AFK les formateurs ont certes deux semaines de recyclage, mais les plaintes enregistrées ça et là sur le désintéressement invitent les responsables à reconsidérer ce volet pour pouvoir optimiser les résultats.

À ce sujet, MEBA (2002b :13)*5 il ressort que « la plupart des opérateurs s’occupent de moins en moins de ces formations prétextant le tarissement des ressources financières. Or quels que soient les arguments développés par les uns et les autres pour justifier le manque ou l’insuffisance de formation des formateurs, nul ne peut et ne doit se soustraire à cette exigence sans laquelle il n’y a ni efficacité ni qualité dans toute situation d’enseignement et de formation ».

Face à cette situation, il convient de concevoir des stratégies susceptibles d’améliorer les formations. Le professionnalisme des formateurs est indispensable. La prise en compte de leurs préoccupations permettra de mieux les motiver. D’assurer aussi de la disponibilité des encadreurs dont la vocation première est d’assurer un enseignement.

Le recrutement des apprenants

C’est la dernière étape de la pré-alphabétisation. Nous souscrivons à la méthode utilisée par l’AFK. Elle prône le volontariat et le choix des auditeurs par les animateurs/animatrices. Mais, la rubrique relative à la tranche d’âge de recrutement des auditeurs nécessite d’être revue car elle n’obéit pas totalement à celle arrêtée en matière d’alphabétisation au niveau national (15 à 45 ans). À l’AFK l’âge des auditeurs se situe entre 18 à 57 ans selon l’enquête.

Une autre difficulté à laquelle il va falloir trouver une solution palliative est aussi le problème de l’harmonisation du niveau des apprenants. Au cours de nos recherches, nous avons pu découvrir que certains auditeurs étaient titulaires du Certificat d’Étude Primaire (CEP) et même du Brevet d’Étude du Premier Cycle et du second degré (BEPC). Ces derniers demandaient à être alphabétisés comme les auditeurs de niveau zéro. Ils n’ont jamais pris part à une quelconque session de formation que se soit dans le cadre formel ou informel.

Nous avons relevé les conséquences que pouvait avoir de telles difficultés :

  • retard dans l’avancement du programme ;
  • gonflement des taux de réussite ;
  • difficulté de contrôle du niveau des apprenants

Face à ces conséquences nous suggérons que ne soient retenus pour un même centre que :

  • des apprenants dont la tranche d’âge respecte celle retenue au niveau national c'est-à-dire 15 à 45 ans ;
  • des auditeurs d’un niveau d’étude égal.

Cela faciliterait le contrôle du niveau d’acquisition des auditeurs et éviterait le gonflement des taux de réussite par les auditeurs déjà familiers aux exigences éducatives. Pour ce qui est des titulaires des diplômes (CEP, BEPC) ils pourront prendre part aux autres types de formation proposés par l’AFK pour maintenir leur niveau et acquérir éventuellement d’autres connaissances qui leur seront utiles.

Pour l’essentiel, on peut retenir que la pré-alphabétisation est une phase aussi importante que l’alphabétisation et la post-alphabétisation. Une bonne conduite de la pré-alphabétisation permet d’éviter les abandons massifs et les faibles taux de réussite. C’est cette phase de pré-alphabétisation que certains nomment étude de faisabilité. Pour A. ROUAMBA (1989 ; 21)6 « un manque d’étude de faisabilité est dans la majorité des cas, la cause des multiples échecs enregistrés par les organismes opérant dans le monde rural ».

8.2. Les stratégies d’alphabétisation

En matière d’alphabétisation, il existe trois formules de formation et ce, en tenant compte de la disponibilité des apprenants : la formule intensive, la formule semi-intensive et la formule étalée.

8.2.1. Choix de la formule semi intensive

L’évaluation des besoins en formation des auditeurs du programme d’alphabétisation de l’AFK et la prise en compte de leurs préoccupations révèlent que :

  1. La formule intensive (48 jours) n’est pas adaptée à l’alphabétisation au sein de l’AFK. Les populations bénéficiaires des programmes, en majorité les femmes ont des charges qui font que leur disponibilité n’est pas toujours évidente.
  2. La formule étalée qui couvre une période de cent  (100) jours à raison de 3 heures de cours par jour, n’est pas adaptée pour diverses raisons. Par exemple cette formule s’étalera jusqu’à la période hivernale, et comme la population sera occupée par les travaux champêtres elle n’aura plus le temps pour suivre les cours dans les centres. Par conséquent le centre ne sera plus fréquenté
  3. La formule semi-intensive qui couvre une période de 75 jours, semble pour nous la mieux indiquée pour la conduite des programmes d’alphabétisation de l’AFK et pour l’atteinte des objectifs qu’elle s’est fixée. Elle couvre une période de soixante quinze jours ouvrables sur cent douze jours calendaires en raison de quatre (4) heures de cours par jour.

Nous estimons que la formule intensive qui consiste à assurer l’alphabétisation initiale (A.I) en quarante huit (48) jours est brève pour l’acquisition de connaissances solides.

La formule étalée, nous semble longue parce qu’elle touche la saison hivernale, période où les populations sont occupées pour les travaux champêtres. Nous nous basons sur un certain nombre de constats pour proposer la formule semi- intensive qui couvre une période de 75 jours soit 4 heures de cours par jour :

Pris par les travaux de la journée (ménage, jardinage, petit commerce…) beaucoup d’auditeurs accusent des retards pour arriver dans les centres. Dans certains centres pour des cours prévus à 14 heures c’est seulement autour de 15 heures qu’ils débutent. Avec la formule intensive ils seront amenés à commencer les cours autour de 08h ou 10h. Ce qui serait difficile au vu des raisons évoquées plus haut. Cependant avec la formule semi-intensive et le créneau de 14h à 18h les auditeurs ont toute la journée pour vaquer à leurs occupations.

L’alphabétisation est un processus dont la finalité est d’inculquer à un analphabète un certain nombre de connaissances qui lui seront utiles. Avec la formule semi- intensive on retient plus longtemps les auditeurs dans les centres. Cela permet une bonne fixation des connaissances apprises et évite surtout aux auditeurs de rompre tout de suite avec les documents. De plus les différents acteurs n’auront pas à travailler sous pression.

8.2.2. Révision des programmes dans les cycles de formation

Notre proposition de stratégies d’alphabétisation relève de la méthode de l’Institut National d’Education de Base Non Formelle (I.N.E.B.N.F), méthode la plus utilisée par les opérateurs en alphabétisation. Nous pensons que ce système est le mieux indiqué pour l’alphabétisation au sein de l’AFK. Les programmes doivent tenir compte des besoins des apprenants

a. Au niveau de l’alphabétisation initiale

Le programme en A.I comprend quatre activités : la causerie en langage, la lecture l’écriture et le calcul. Il est dispensé en trois cent (300) heures.

La causerie a pour but d’amener les apprenants au moyen de la sensibilisation/conscientisation à adopter des comportements positifs, favorables à la résolution des problèmes liés à leur vécu quotidien.

La lecture et l’écriture mettent l’accent sur l’étude des voyelles, des consonnes, des syllabes, des mots, des phrases et des textes très simples.

Le calcul : il permet aux apprenants de résoudre des opérations simples. Il s’articule autour des chiffres, des nombres, des quatre opérations. Il permet également la lecture du calendrier et de l’heure. Nous proposons le contenu des disciplines de l’A.I dans le tableau suivant. Ces propositions tiennent compte des besoins exprimés par les bénéficiaires.

 

Tableau du contenu des disciplines en AI

Modules Contenu du module Résultats attendus
I - Causerie - importance de l’alphabétisation ;
- l’éducation des enfants ;
- importance des mouvements associatifs ;
- le développement du pays
- parvenir à convaincre les auditeurs de la nécessité de se faire alphabétiser,
 - leur montrer que l’éducation est un droit et qu’il ne faut pas se soustraire à cette exigence ;
 - indiquer l’avantage des associations quelles qu’elles soient,
 - leur faire savoir que le développement est l’affaire de tous.
II - Connaissances instrumentales - lecture : voyelles, consonnes, syllabes, mots, phrases et textes simples ;
- écriture : sons syllabes mots ponctuation ;
- calcul : addition, soustraction, multiplication division, chiffres, nombres.
- aptitude à lire et à comprendre des écrits simples,
- aptitude à rédiger des correspondances, à occuper la fonction de secrétaire lors des rencontres,
- maitriser les techniques des quatre opérations.
 
b. Au niveau de la formation complémentaire de base (FCB)

C’est la deuxième phase de la formation. Elle vise à consolider les aptitudes et connaissances acquises en A.I en dispensant un minimum de savoir, de savoir faire et de savoir être indispensables pour la vie quotidienne de l’apprenant et susceptibles de l’aider à comprendre les problèmes de santé, d’élevage, d’agriculture…La FCB se compose de cinq modules qui sont :

  • le module de langue consacré à la lecture, à l’écriture et à l’expression écrite,
  • le module de mathématiques consacré au système métrique et à la géométrie simple avec les notions de surface, de périmètre, le calcul des intérêts et la notion statistique ;
  • le module consacré à la santé qui traite des notions d’hygiène, des précautions à prendre pour prévenir ou guérir certaines maladies ; éviter les IST/SIDA, pratiquer la planification familiale ;
  • les modules dispensant des savoirs en agriculture, en élevage et en environnement.
  • les modules de formation en histoire, en géographie et en civisme qui informent les apprenants sur le minimum qu’un adulte doit connaître pour être un citoyen à même de comprendre le monde et contribuer au développement du pays.

Le programme de FCB s’étale sur deux cent (200) heures environ. Le contenu se présente comme suit :

 

Tableau du contenu des disciplines en FCB

Modules Contenu du module Résultats attendus
  I - Connaissances Instrumentales  - approfondissement des connaissances en langue : lecture expression écrite et orale,  - préparer les auditeurs au poste de secrétaire de séance,
- pouvoir tenir un cahier de charge,
 - maîtrise des mécanismes du calcul instrumental et de la pratique du calcul fonctionnel,
- la notion de civisme.
 - pouvoir faire la différence entre le prix d’achat, prix de revient,
- pouvoir rédiger en langue nationale,
- connaitre l’État, les régimes.
 II - Association Développement Local et Assainissement  - principe de fonctionnement d’une association
- introduction de l’artisanat et la gestion,
- initiation à la conception des microprojets,
- formation pour la lutte contre les fléaux sociaux (mariages forcés, excision, MST /sida, trafique d’enfants…
- entretien de l’environnement.
- gestion de l’eau.
 - permettre aux auditeurs de s’imprégner du fonctionnement des associations,
- faire valoir les avantages de la poterie, du tissage,
- pouvoir gérer leurs activités lucratives.
- pouvoir concevoir un micro projet,
- faire découvrir les méfaits du mariage forcé et précoce, de l’excision, du trafic d’enfants,
- pouvoir entretenir et garder son environnement propre.
- pouvoir bien gérer l’eau
 III - Cours de Formation Agropastorale  - initiation aux techniques agricoles, d’élevage et à l’entretien des sols,
- initiation à l’utilisation des intrants,
- initiation aux techniques de conservation des récoltes et à l’entretien des animaux,
- initiation à la culture maraichère, à l’élaboration des fosses fumières, à la conception et entretien des pépinières.
 - maîtriser les nouvelles techniques agricoles, les dosages des intrants, les soins des animaux,
- utiliser les semences améliorées qui résistent mieux à la sécheresse,
- concevoir et entretenir les fosses fumières et les pépinières.

 

Une stratégie d’alphabétisation conçue avec le souci de pouvoir doter les bénéficiaires de moyens efficaces doit pouvoir aider à lutter contre certaines pratiques culturelles néfastes  et contre certains fléaux (excision, mariage forcé et précoce, traite des enfants, sida…) C’est pour cela que nous avons pensé à l’introduction d’un module intégrant toutes ces problématiques. L’alphabétisation doit offrir des connaissances qui améliorent les conditions de vie.

Un autre objectif que nous visons à travers ce module intégration des domaines d’actions prioritaires de l’AFK. Beaucoup de femmes dans le Boulkièmdé font le petit commerce, le tricotage, le tissage, la broderie, la poterie, la coiffure… Approfondir leurs connaissances dans ces domaines peut leur permettre d’améliorer la production et être compétitives sur les marchés nationaux et étrangers.

Le module de formation agro-pastorale est lui, destiné à doter les bénéficiaires d’outils performants pour accroître leurs productivités agricoles et pastorales. C’est un module très important étant donné que le Burkina-Faso est un pays agro-pastoral.

c. Au niveau des Formations Techniques Spécifiques

Elles correspondent au troisième et dernier niveau de formation et sont vues comme étant le stade de développement des compétences professionnelles. C’est la phase de spécialisation et l’alphabétisé doit pouvoir utiliser ses acquis pour accroître sa capacité de production et de productivité et se faire valoir dans l’environnement socio-économique. Elles ont une durée variable.

Le tableau ci-après donne le contenu du programme des formations en F.T.S

 

Tableau du contenu du programme des formations en F.T.S.

Modules Contenu du module Résultats attendus
I - Activités économiques - initiation à des activités économiques, fabrique de savon, de soumbala, transformation du beurre de karité.
- formation à la technique de teinture, de broderie, de couture, de tricot…
- cours sur l’artisanat.
- possibilité pour les bénéficiaires de pouvoir mener une activité lucrative de leur choix et d’en tirer pleinement profit.
II - Cours de formation agropastorale - approfondissement des cours de technique de fabrication du compost et d’autres fumures,
- familiarisation avec les techniques de repiquage et d’irrigation,
- familiarisation avec les techniques d’élevage et agricole,
- approfondissement des cours de cultures maraichères.
- atteindre un niveau de productivité élevée à travers la maitrise des nouvelles techniques agro-pastorales.
 

 

Les différentes formations peuvent être diversement appréciées d’une localité à une autre. Il va de soi qu’en fonction des localités et des besoins des apprenants d’autres types de formations soient envisagés.

Le module de formation économique est sans nul doute celui qui intéressera plus les apprenants au regard de leurs besoins exprimés lors de nos enquêtes. Les populations sont souvent réceptives aux formations qui touchent directement le volet économique. Les résultats à ce niveau sont facilement perceptibles.

Le module de formation en agriculture et en élevage englobant l’initiation à la technique de fabrication du compost et d’autres fumures organiques permettront à notre sens d’améliorer la rentabilité des sols. Les engrais chimiques dont le coût est souvent élevé seront de moins en moins utilisés.

8.3. Stratégies de post-alphabétisation

La post-alphabétisation selon Bernard DUMONT est « l’ensemble des mesures et actions destinées à permettre au néo-alphabète d’exercer ses compétences et d’accroître et dépasser les connaissances acquises », 1990)7.

Pour lui, la post-alphabétisation s’articule autour de trois axes :

  1. la production du matériel d’application des connaissances acquises ;
  2. la création d’un environnement favorable à l’alphabétisation ;
  3. la possibilité pour les néo-alphabètes d’accéder à des responsabilités accrues.

Dans le cas de l’AFK, nous nous baserons sur l’évaluation des besoins en post-alphabétisation pour l’élaboration de notre proposition de stratégies de post-alphabétisation. Ce point est une innovation dans les programmes de l’AFK. Ce qui explique le fait que la post-alphabétisation si elle n’est pas totalement méconnue des acteurs de l’AFK, elle l’est partiellement.

La post-alphabétisation est aussi importante que l’alphabétisation. L’étude sur l’efficacité des trois phases d’alphabétisation fait ressortir que : « la post-alphabétisation est si importante qu’elle doit être pensée avant l’alphabétisation dont elle constitue à la fois la finalité et le fondement en terme d’articulation des apprentissages au développement intégral de l’homme et de la communauté à laquelle il appartient » (2002b :16)8.

Notre proposition de stratégies de post-alphabétisation s’articule autour des points suivants :

  • la création et la stimulation des conditions d’investissement des acquis,
  • la création d’un cadre de rencontres périodiques,
  • la création des mass media (journal, radio),
  • la production et la distribution des documents,
  • la révision du statut des langues nationales.
  • création d’un prix pour motiver les intéressés

8.3.1. Création et stimulation des conditions d’investissement des acquis

La post-alphabétisation s’adresse à toutes les personnes qui ont acquis des connaissances dans le cadre d’un programme d’alphabétisation. Pour garantir la consolidation des acquis, les conditions doivent être réunies pour permettre aux néo-alphabétisés de valoriser leurs acquis. Pour cela on peut axer l’alphabétisation sur des programmes de développement comme par exemple la mise en pratique et le suivi des modules de formation que nous avons proposés dans notre stratégie d’alphabétisation(c'est-à-dire de l’AI à la FTS en passant par la FCB). Un suivi au niveau de la gestion des unités économiques, un encadrement dans les exploitations agricoles, la recherche de sources de financement des activités génératrices de revenus au bénéfice des auditeurs et l’accessibilité au statut d’animateur et de superviseur contribueront à offrir aux néo-alphabétisés un cadre où ils pourront mettre en pratique ce qu’ils ont appris.

8.3.2. La création d’un cadre de rencontres périodiques

L’évaluation des besoins en post-alphabétisation a révélé la nécessite de créer un cadre de rencontres périodiques des alphabétisés. Ce cadre aura pour but essentiel d’amener les néo-alphabétisés à investir leurs acquis par le biais des causeries et des débats. Ainsi, à travers des groupes d’animation guidés ou non, les néo-alphabétisés s’exprimeront entre eux. Ils débattront de leurs problèmes liés à leurs acquis et essaieront de trouver des solutions à ces problèmes. Nous pensons que ce cadre constituera une solution à leurs problèmes d’apprentissage car, il permettra non seulement à ceux qui ont assimilé des apprentissages de les consolider et de les préserver mais aussi à d’autres d’acquérir et de consolider des connaissances. On dit souvent que les apprenants apprennent et comprennent mieux entre eux qu’avec leurs maîtres

8.3.3. Création de mass media

La création de cet environnement est indispensable pour la préservation des acuis des alphabétisés. À l’AFK, on peut créer et mettre à la disposition des alphabétisés un journal de l’AFK et un medium comme la radio.

a. La création d’un journal

Nous proposons qu’un journal de l’AFK soit mis sur pied. Ce canal à notre sens véhiculera toutes les informations relatives aux activités de l’AFK. Il servira de moyen de communication entre le bureau exécutif, les membres et même la population rurale. En outre, il rendra compte des thèmes d’actualité pour permettre aux bénéficiaires de ne pas rester en marge des informations. Des rubriques consacrée à la culture et au jeu pourront compléter le contenu.

Pour l’équipe de rédaction, nous proposons que les néo-alphabétisés puissent en faire partie. Ils peuvent contribuer efficacement à l’animation du journal par des productions.

b. La radio

Le canal audio peut être utilisé pour le renforcement de capacités des bénéficiaires. L’AFK ne disposant pas de radio, sa création pourrait être un outil de communication que l’on peut mettre à profit pour compléter la formation des auditeurs. Le programme pourrait consacrer :

  • une émission à la santé. Un agent de santé pourrait passer à l’antenne pour informer sur certaines maladies : les modes de transmission, les manifestations, les méthodes de prévention. Nous pensons qu’une telle initiative est adaptée aux besoins des auditeurs ;
  • une émission à la dictée radiophonique dont les meilleurs seront primés.

Cela permettra la mobilisation des néo-alphabétisés autour des postes récepteurs pour faire valoir leurs talents en dictée.

Par ailleurs les émissions sur l’agriculture, l’élevage, la gestion, etc. pourront être mises sur pied au profit des alphabétisés. Cette initiative motivera les alphabétisés à s’investir pour la préservation de leurs acquis.

c. Production et distribution des documents

Les enquêtes ont révélé que les auditeurs manquent de documents pour l’acquisition des connaissances. Nous proposons de produire les documents et de les mettre à la disposition des néo-alphabétisés. Ces documents tiendront compte des domaines d’activités des auditeurs. Ils seront d’un apport indéniable dans l’approfondissement de leurs connaissances. Il s’agit essentiellement de documents relatifs au thème socio-économique qui est le thème le plus captivant.

Les auditeurs souhaitent avoir certaines informations sur la santé : les modes de transmission de certaines maladies et les modes de prévention. Il est donc indispensable de produire des documents allant dans ce sens.

Un autre thème abordé par les auditeurs touche le domaine de l’agriculture et du petit commerce. Il va falloir produire des documents y relatifs et œuvrer à les mettre à la disposition des néo-alphabétisés afin d’approfondir leurs acquis.

Au sujet du volet commerce, il s’agira de produire des livrets de calcul  qui aborderont divers aspects des quatre opérations de base que sont l’addition, la soustraction, la multiplication et la division.

Nous pensons que la production des documents sur le développement est nécessaire. Ces documents doivent mettre l’accent sur la nécessité et l’intérêt de se réunir pour travailler en groupe.

On pourra aussi demander aux néo-alphabétisés de produire eux- mêmes des documents : recueil de contes par exemple et créer un prix pour récompenser les intéressés. Cela pourrait cultiver en eux le goût d’écrire.

La post-alphabétisation est donc indispensable pour la réussite d’un programme d’alphabétisation. Pour SAWADOGO D. (1992 :30)9; « en général, l’échec des campagnes d’alphabétisation est imputable au manque de stratégie de post-alphabétisation ».

Pour nous c’est au stade de post-alphabétisation qu’on peut savoir si les néo-alphabètes ont vraiment acquis des connaissances. En effet, ils seront jugés en fonction de leurs capacités à produire, de leurs aptitudes à pouvoir réellement se prendre en charge.

Notre stratégie de post-alphabétisation permettra à notre sens de donner un dynamisme nouveau au programme d’alphabétisation de l’AFK. Elle permettra d’accroître sensiblement le rendement intellectuel et socio-économique des auditeurs et d’améliorer les résultats des différentes formations organisées par l’opérateur.

La mise en place d’une stratégie de post-alphabétisation demande nécessairement des moyens. À notre avis, en plus des partenaires qui l’appuient, l’AFK pourrait envisager une contribution financière des bénéficiaires aux différentes dépenses touchant l’alphabétisation.

8.3.4. Révision du statut des langues nationales

D’une manière générale la réussite d’un programme d’alphabétisation et de post-alphabétisation nécessite la révision du statut des langues nationales et une politique d’alphabétisation efficace. En effet, la politique linguistique au Burkina Faso en matière de promotion des langues est symbolique depuis les indépendances.

a. Dans le domaine public

Nous remarquons que les langues nationales d’une manière générale subissent une marginalisation. Cela engendre souvent un faible taux de recrutement en matière d’alphabétisation dans certaines localités. La population préfère le français qui est la langue officielle, la langue de prestige sans laquelle toutes les portes vous sont fermées. Les langues nationales considérées comme du folklore ne permettent pas une insertion professionnelle. Elles servent seulement à la communication intra et inter ethnique.

Ensuite certaines idées héritées de la colonisation sur les langues locales pèsent toujours négativement sur elles et font qu’elles sont reléguées au second plan. Nous pensons qu’une valorisation des langues nationales pourra contribuer à une meilleure réussite des programmes d’alphabétisation et de post-alphabétisation.

b. Dans le domaine de politique d’alphabétisation

L’analyse de la situation des langues au Burkina Faso fait ressortir des déséquilibres et des insuffisances sur tous les plans.

Les valeurs aujourd’hui accordées aux langues nationales ne sont plus les mêmes que celles avant l’arrivée du français. Ce qui fait que les investissements, les efforts consentis par les autorités et les partenaires pour la promotion et l’intégration des langues nationales rencontrent toujours des difficultés qui sont entre autres :

  1. l’inadaptation du système de gestion linguistique aux réalités locales,
  2. l’insuffisance des suivis dans l’application des recommandations,
  3. la mauvaise évaluation des apprentissages,
  4. l’insuffisance des documents didactiques,
  5. la marginalisation des langues locales qui engendre un investissement insuffisant.

Les premières expériences systématiques remontent à 1967. Le Burkina Faso avait mis sur pied une reforme de l’éducation qui avait assignée à son programme l’utilisation des langues nationales comme medium d’enseignement et visait la promotion et l’intégration des langues nationales par de vastes campagnes d’alphabétisation à moyen et à long terme. Quarante (40) ans après ces mesures en faveur de l’alphabétisation c’est à dire en 2007, on estimait toujours le taux d’alphabétisation à 25% environ.10

L’expérience entamée sur la valorisation des langues en 1979 dans notre pays s’est vue purement et simplement arrêtée sous la révolution d’août 1983 alors qu’elle était sur la voie d’une généralisation.

Toutes ces tentatives sont restées insuffisantes car la politique linguistique reste toujours dépendante, dictée par l’extérieur.

Après les indépendances, cette situation a perduré et toute tentative d’intégration des langues nationales et leur insertion dans la vie publique restent pour la plupart théorique. Les successions des déclarations d’intention sont restées lettres mortes. Par exemple dans le titre I de la troisième (3ème) République, l’on peut citer l’article 3 qui stipule que la langue officielle de la Haute-Volta est le français. Une loi fixe les modalités de promotion des langues nationales. Depuis la promulgation de cette constitution jusqu'à sa suppression en 1980, aucune loi n’est venue fixée quoi que ce soit, sauf la loi d’orientation de l’éducation (013-2007).

Reprise par la constitution du 2 juin 1991 en son article 35, cet article 3 n’a pas non plus fait cas de précision sur l’avenir des langues burkinabè dans le développement du pays. C’est plutôt un moyen subtil utilisé pour calmer les ardeurs des partisans de l’intégration des langues burkinabè dans le développement du pays.

En résumé, nous dirons que les autorités politiques ont conféré aux langues locales le statut de langues inférieures. Les locuteurs de ces langues sont appelés des analphabètes et occupent une position subalterne dans la société. La conséquence de cette politique est le rejet systématique des différentes entreprises faites en langues nationales. Face au français qui constitue le marchepied vers la promotion sociale, elles ne peuvent qu’occuper des fonctions marginales dans le pays. Cette situation est en partie responsable du faible taux d’alphabétisation.

Pour appuyer le fait que les langues nationales sont délaissées au profit de la langue étrangère Gérard KIEDREBEOGO estime que : « la majorité des africains est gouvernée par une langue qu’ils ne comprennent pas… » Et il pose la question suivante : « Quelle peut être l’efficacité d’un pays lorsque 90% de sa population est illettrée dans la langue officielle ? »11

Toutes ces difficultés recensées nous amènent à dire que sans une volonté politique, on ne peut s’attendre à l’émergence des langues nationales ni dans le système éducatif formelle ni dans celui non formelle. Le flou juridique autour de la prise en compte définitive de ces langues persiste.

Il faut revoir la politique d’alphabétisation et accorder plus d’importance aux langues nationales pour permettre un développement conséquent. L’UNESCO au congrès international de Téhéran qu’elle a organisé dans le contexte des stratégies du combat contre le sous développement affirme ceci: « Il y a un lien entre le sous développement et l’analphabétisme et aucun pays ne peut se développer en dessous d’un seuil critique de 30% d’alphabétisés. »12

Conclusion

L’analphabétisme a toujours été identifié à l’échelle mondiale comme le facteur le plus redoutable qui freine l’économie et accentue la dégradation du niveau de vie des populations. C’est la raison pour laquelle le Burkina Faso, par le Plan Décennal de Développement de l’Éducation de Base (PDDEB) met au cœur de ses préoccupations l’accès à l’éducation. À travers la diversification des formules et l’adoption des stratégies il facilite la mobilisation du potentiel humain.

L’AFK, structure de référence en matière d’alphabétisation dans le Boulkiemde ne l’ignore pas. Pour s’offrir des ressources humaines qui puissent participer à tous les niveaux à la vie de l’association, elle a initié un programme d’alphabétisation.

Cependant malgré ses efforts pour sortir les populations de l’analphabétisme, il demeure que le poids de celui-ci limite ses actions. Les données recueillies prouvent que les membres ne sont pas suffisamment familiarisés avec l’écriture et l’absence d’une politique de post-alphabétisation vient accentuer cet état de fait, limitant ainsi les compétences des membres et par ricochet tout le fonctionnement de l’AFK.

À travers la présente étude nous avons tenté de faire un ensemble de propositions en vue de combler certaines lacunes en matière d’alphabétisation et d’asseoir une politique de post-alphabétisation qui prend en compte les grands axes de développement définis par l’AFK.

Il est vrai que seule l’alphabétisation ne suffit pas pour parler de développement, mais force est de reconnaitre qu’au Burkina Faso le poids de l’analphabétisme entrave grandement les programmes et les projets de développement surtout dans les zones rurales. Dans ces zones, les populations sont toujours attachées à des pratiques dépassées, à des méthodes rudimentaires et seul un combat national contre l’analphabétisme aidera à les rendre efficaces et productifs.

Il est donc du devoir de l’État de repenser sa politique linguistique et sa politique éducative en faveur de l’éducation non formelle car, s’il est vrai que l’éducation est un droit, elle doit l’être pour tous.

Références bibliographiques

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Association des Editeurs et Publicateurs de Journaux en Langue Nationale (AEPLN) situation actuelle des journaux en langues nationales au Burkina-Faso, 201
hhttp : www.aepjln.org/tempates/made. consulté le 12 avril 2010

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Notes

1Source : www.aepjln.org/content/view/2/3. Au congrès international de Téhéran organisé par l’UNESCO en 1965

2 Dumont (1990:2) Avant l’alphabétisation : la post-alphabétisation Genève, UNESCO : 2/16

3 Sources : Rapport de fin d’année 2008-2009-Alphabétisation, direction Provinciale du Boulkiemdé n°2009-750/MEBA/RCOS/DREBA-CO/DPEBA BLK

4 Sources : Résultats de la campagne d’alphabétisation 2009-2010 dans le Boulkiemdé DPEBA BLK n°2010.

5 Source : Production sur l’efficacité des trois phases d’alphabétisation, étude préparatoire Ouagadougou, 78p. Document produit par le Ministère de l’enseignement de Base et de l’Alphabétisation(MEBA)

6 Source : L’alphabétisation fonctionnelle dans les villages .A.V.V. (cas de Mogtédo), mémoire de maitrise, université de Ouagadougou, INSULLA, département de linguistique, 80p

7 Source  : Avant l’Alphabétisation : la post-alphabétisation de Bernard DUMONT document imprimé en 1990 à Genève, UNESCO ,16p.

8 Source : MEBA, Production sur l’efficacité des trois phases d’alphabétisation  p.16/78

9 SAWADOGO.D. La post-alphabétisation au Burkina-Faso (stratégies, moyens, perspectives), Rapport de D.EA Université de Ouagadougou, INSULLA, département de linguistique 

10 Source : www.aepjln.org/content/view/2/3

11 Source : www.aepjln.org/content/view/2/3

12 Source : www.aepjln.org/content/view/2/3. Au congrès international de Téhéran organisé par l’UNESCO


Annexes

Annexe 1 : Questionnaire destinée aux néo-alphabétisés  

Chers apprenants c’est dans le but de préparer notre mémoire que  nous vous adressons ce questionnaire. Vos réponses sincères nous seront très utiles et nous vous assurons l’anonymat de vos réponses.

Age :             Sexe :

Village ou secteur :

Situation matrimoniale :

Activité :                        

  1. Depuis quand êtes-vous alphabétisés ?
  2. Niveaux   d’alphabétisation
  3. L’alphabétisation vous a-t-elle apporté un plus dans votre vie ?
  4. Comment ? 
  5. Quelles difficultés rencontrez-vous ?              
  6. Pensez-vous que l’alphabétisation peut aider dans les domaines de (cochez) :
    • l’agriculture
    • la santé
    • l’économie
    •  aucun
  7. Pourquoi ?    
  8. Quel est selon vous l’apport de l’alphabétisation dans la vie de votre association ?
  9. Qu’est-ce-qui selon vous manque dans l’actuel programme d’alphabétisation de  l’A FK ?     
  10. Etes-vous satisfaits ?
  11. Que faites-vous pour maintenir ce que vos centres vous ont donné?
  12. Qu’aimeriez-vous faire alors ?
  13. Y a- il des obstacles qui ne permettent pas le maintien de vos acquis 
    • Si oui lesquels ?
  14. Quel genre de documents voulez-vous lire ?
  15. Quelle(s) autre(s) proposition(s) faites-vous pour le maintien de vos acquis ?
  16. Etes-vous prêts à acheter des documents ?

Merci de votre contribution !

 Annexe 2 : Questionnaire adressée aux anciens alphabétisés

Chers alphabétisés, c’est dans le but de la préparation de notre mémoire que nous vous adressons ce présent questionnaire. Vos réponses sincères nous serons très utiles et nous vous assurons leur anonymat.                             

 Village ou secteur :

Sexe      F :      M :

Age :

Situation  socio-professionnelle :

  1. Quel niveau de formation avez- vous ?
  2. Etes-vous  satisfait de cette formation dans nos langues nationales ? Oui / Non
  3. Quelle(s) activité(s) entreprenez-vous après cette formation ?
  4. Quelle(s) difficulté(s) rencontrez-vous ?
  5. Quels sont vos besoins ?
  6. Que faites-vous pour maintenir vos acquis ?
  7. Quelle langue utilisez-vous avec les néo-alphabétisés ?
  8. quelle langue utilisez- vous en famille ?
  9. L’alphabétisation a-t-elle apportée un plus à votre vie ? Oui / Non
    • Si oui comment ?
    • Si non, pourquoi ?

Merci de votre contribution !

Annexe 3 : Questionnaire destiné aux responsables de l’alphabétisation

Chers responsables c’est dans le but de préparer notre mémoire que nous vous adressons ce présent questionnaire. Vos réponses nous seront très utiles et nous vous assurons leur anonymat.

Village ou secteur :

Sexe  F :        M :

  1. Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à décider d’alphabétiser les membres de votre association ?
  2. Quels sont les critères de recrutement de vos formateurs ?
  3. Quelle(s) sont les stratégie(s) que vous adoptez ?
  4. Quel est le mode de fonctionnement  de vos centres d’alphabétisation ?
  5. Quels sont les contenus de programmes ?
  6. Pensez-vous qu’ils sont adaptés aux besoins des bénéficiaires ? Oui / Non
  7. Votre personnel d’encadrement est-il à la hauteur de vos attentes ? Oui / Non
  8. Quels sont les problèmes rencontrés ?
  9. Pensez-vous que l’alphabétisation de vos membres apporte un changement au sein de l’AFK ? Oui / Non
  10. Votre programme comporte-t-il un volet post-alphabétisation   Oui / Non
  11. Quelles sont vos suggestions dans la perspective de la mise en place d’une politique de post-alphabétisation dans l’AFK ?

Merci de votre contribution !

Annexe 4 : Questionnaire destiné aux animateurs

Chers animateurs c’est dans le but de la préparation de notre mémoire que nous vous adressons ce présent questionnaire.vos réponse sincères nous seront utiles et nous vous assurons leur anonymat.      

Village ou secteur :

Sexe  F :             M :

Age :

Situation matrimoniale :    marié                       célibataire               veuf (ve)

  1. Quel niveau de formation avez-vous ?
  2. Quel est le mode de recrutement ?
  3. Rencontrez-vous des problèmes d’ordre :
    • matériel
    • pédagogique
    • financier
    • autres, précisez
  4. Avez-vous reçu une formation ? Oui / Non
  5. Quelle est la langue d’alphabétisation ?
  6. Quelle langue parlez-vous couramment ?
  7. Quelles propositions faites-vous pour améliorer l’alphabétisation dans l’AFK ?
  8. Savez-vous ce que c’est que la post-alphabétisation ? Oui / Non
  9. Que faites-vous pour le maintien des acquis des auditeurs
  10. Quelles propositions faites-vous dans le cadre d’une politique de post- alphabétisation ?

Merci de votre contribution !

Sigles et abréviations

AENF : Alphabétisation et Education Non Formelle,

AFFF ou A3F : Apprentissage du Français Fondamental et Fonctionnel.

AFK: Association des Femmes de Koudougou.

ABCAV: Association Burkinabè pour l’amélioration du Cadre de Vie

AI: Alphabétisation Initiale.

AMB: Action Micro-Barrage.

AMI: Alliance Missionnaire Internationale.

AMUS: Association les Mains Unies du Sahel.

AVV: Aménagement des Vallées du Volta

BEPC: Brevet d’Etude du Premier Cycle et du second degré.

CEP: Certificat d’Etudes Primaires.

DPEBA : Direction Provinciale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation.                

DREBA: Direction Régionale de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation.

EPCD: Etablissement Publique Communautaire de Développement

FCB: Formation Complémentaire de Base.

FENA : (Association) Femme Environnement et Assainissement.

FONAENF : Fond National pour l’Alphabétisation et l’Education Non Formelle.

FTS: Formation Technique et Spécifique.

MEBA: Ministère de l’Enseignement de Base et de l’Alphabétisation

OCADES: Organisation Catholique pour le Développement Economique et Social.

ONG : Organisation Non Gouvernemental.

PDDEB: Plan Décennal de Développement de l’Education de Base.                

SA: Service Alphabétisation.

UNESCO: United Nation Educational Scientific and Cultural Organization (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture.)

UNICEF:  United Nations Children’s Fund(Fond International des Nations Unies pour l’Enfance.)


Citer cet article

ODJOLA Régina Véronique. L’alphabétisation fonctionnelle dans les associations au Burkina-Faso : Cas de l’Association Féminine du secteur n°8 de Koudougo, Revue TDFLE, n°69 [en ligne], 2017. 

 

Régina Véronique ODJOLA
Université de Koudougou
Burkina Faso

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