N°83 / Didactique des langues, regard sur la grammaire et désir de langues chez Lucien Tesnière – enjeux épistémologiques en linguistique appliquée

La valence verbale : implications didactiques pour le contexte contrastif français-croate

Ivana Franic

Résumé

Résumé

Dans cette contribution, nous mettrons au cœur de notre réflexion la notion de valence telle que définie par Lucien Tesnière dans les Éléments de syntaxe structurale et abordée par la suite dans de nombreuses recherches. En effet, nous mettrons en avant les concepts de « cadre (schéma) de valence », tout comme ceux de « saturabilité » et de « saturation ». De même, nous nous pencherons sur leur place au sein de la syntaxe structurale et sur leur présence (au moins implicite) dans les concepts théoriques pertinents pour notre étude. Sur l’exemple de certains répertoires de valences verbales (dictionnaires, bases valencielles) nous essaierons d’expliquer les enjeux théoriques et méthodologiques les plus importants pour l’élaboration d’un dictionnaire français-croate de valences verbales. Compte tenu des démarches pédagogiques de Tesnière orientées vers l’enseignement de la valence verbale et vu l’existence des bases et dictionnaires valenciels, nous tenterons de formuler un certain nombre d’orientations utiles pour l’élaboration des répertoires valenciels à finalité didactique.

Mots clés : valence verbale, dictionnaire de valences, saturabilité et saturation de valence verbale, cadre valenciel, français, croate.

 

Abstract

In this paper we will reconsider the notion of verb valency as defined by Lucien Tesniere in the Elements of Structural Syntax and subsequently addressed in many studies. Our aim is to highlight the concepts of valency frame (scheme), as well as the notions of “saturability” and “saturation”. At the same time, we will examine their place within structural syntax and their presence (at least implicitly) in some other theories. On the example of certain repertories of verbal valency (valency dictionary, valency bases) we will try to explain the most important methodological issues for the development of a French-Croatian dictionary of verbal valences. Taking into account Tesniere’s pedagogical approaches oriented towards the teaching of verbal valency and given the existence of valency dictionaries and bases, we will try to formulate certain number of useful orientations when developing valency repertories for didactic purposes.

Key words : verbal valency, valency dictionary, saturability and saturation of verbal valency, valency frame, French, Croatian.

Mots-clés

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La valence verbale : implications didactiques pour le contexte contrastif français-croate 

 

Introduction

 

La question de la valence verbale, depuis son introduction par Lucien Tesnière dans sa syntaxe structurale, ne cesse d’attirer l’attention des chercheurs. Dans la présente étude, nous nous proposons de revenir sur la notion de « valence verbale » ainsi que sur son intégration dans des répertoires valenciels. En effet, la question se pose de savoir comment répondre aux besoins de tous ceux qui se confrontent à de nombreux verbes et à la diversité de leurs « valences » dans la langue à apprendre ?

En effet, dans les recherches antérieures les auteurs soulignent la nécessité de créer des modèles de phrases en dressant une liste de verbes et leur répartition selon la valence. Cette démarche méthodologique permettrait de réduire les listes de constructions verbales au plus petit inventaire de schémas possibles (Samardžija, 1993 ; Eynde et Mertens, 2006). De tels répertoires de valence, plus ou moins exhaustifs, visent principalement à approfondir la description linguistique, mais aussi à rendre cet inventaire disponible pour le traitement automatique des langues et pour des objectifs liés à l’enseignement/apprentissage.

À notre avis, dans une optique didactique, il serait d’une grande importance pour chaque apprenant, lors de l’apprentissage des verbes d’une langue étrangère, d’avoir à sa disposition, en un seul endroit, les descriptions de valences verbales (celle de la langue à apprendre ainsi que celles de la langue première ou maternelle). Les dictionnaires valenciels bilingues, (avec un plus petit nombre de verbes et une description simplifiée des cadres valenciels), peuvent répondre aux besoins des apprenants et rendre plus facile l’appropriation des traits relevant du domaine verbal.

Nul besoin de rappeler ici que de tels dictionnaires étaient particulièrement nombreux dans les années 1980, dans le cadre d’études contrastives de différentes combinaisons de langues. Cependant, en raison d’écarts multiples entre les cadres valenciels des langues, les auteurs ont souvent rencontré divers défis méthodologiques.

Des recherches similaires ont déjà été entreprises pour des paires de langues slaves, mais aussi en mettant en relation des langues slaves avec des langues non slaves. Dans la présente étude, nous serons particulièrement inspirés par les recherches menées dans le cadre du rapport entre les langues slovaque et française (Lemay et Pognan, 2018).

Tout cela pris en compte, et comme condition préalable à d’autres recherches contrastives sur les verbes français et croates, nous vérifierons dans un premier temps comment les schémas valenciels sont intégrés dans des manuels lexicographiques (monolingues et bilingues français-croates), pour proposer dans un deuxième temps un certain nombre d’orientations pour les descriptions de la valence verbale dans des répertoires valenciels à finalité didactique.

 

1. Aspects théoriques de la valence verbale

 

Par valence verbale on entend la capacité d’un verbe à se combiner ou à être compatible avec différentes entités, à savoir des actants et des circonstants. La valence verbale comprend, dans les Éléments de syntaxe structurale tout le chapitre (livre) D, intitulé « Valence » (Tesnière, 1959, ed. 1988 : 238-282). Selon Tesnière, le terme de « valence » désigne le nombre d’actants que le verbe est susceptible de régir (Tesnière, 1959, ed. 1988 : 238) :

 

De même qu’il y a ainsi différentes espèces d’actants, le prime actant, le second actant et le tiers actant, la nature du verbe qui régit ces actants varie suivant qu’il régit un, deux ou trois actants. Car il est évident que la pensée d’un sujet parlant ne conçoit pas psychologiquement de la même façon un verbe susceptible de ne régir qu’un actant, un verbe susceptible de régir deux ou trois actants, et un verbe qui n’est susceptible d’en régir aucun ». (Tesnière, 1988 : 238).

 

Ainsi définit-il plusieurs catégories, à partir des verbes sans actants et un ou plusieurs actants.

Les retombées de la théorie de la valence ont été particulièrement importantes en Allemagne, où elle a connu plus tard des développements significatifs : la valence en tant que propriété du verbe a été étudiée par les linguistes allemands Heringer, Brinker et Helbig (all. Dependenzgrammatik). La théorie de la valence a été particulièrement développée dans les années 1960 ainsi que dans les analyses de la syntaxe du tchèque (pour l’apport de Sgall, cf. Mikelić Preradović, 2014 : 5).

Kahane et Osborne (2015 : 30) considèrent que « most modern theories acknowledge and build on the notion of verb valency » et que « yet Tesnière rarely receives the credit he is due for his work in this area ». (ibid.)

Certains auteurs entendent la valence comme combinabilité ou propriété combinatoire des verbes avec d’autres éléments lexicaux (Kahane et Osborne, 2015 : 30), tandis que d’autres se réfèrent à la compatibilité sémantique (Mikelić Preradović, 2014).

Notons par ailleurs que Garde (1994 : 98) aborde les implications syntaxiques et sémantiques du verbe comme élément central de la phrase, en soulignant que dans la description de la valence verbale il convient de tenir compte des deux relations : relation dépendantielle (ordre structural) et relation référentielle (ordre sémantique). Pour Martinet, la valence se réfère à l’ensemble des fonctions spécifiques d’un verbe (Martinet, 1985 : 182). Par ailleurs, Feuillet (1998), Blanche Benveniste (2002) et Samardžija (1993) se penchent surtout sur la complexité de la complémentation verbale, alors que G. Gréciano considère la valence comme une sous-catégorie de la dépendance. Elle met en avant le concept de valence plurielle, qui se développe suivant l’axe vertical en exprimant dans sa phase syntaxique des sous-jacences sémantique et logique. Pour l’auteure, il y a réciprocité et simultanéité des trois plans, la surface syntaxique étant spécifique à chaque langue, le fondement logique étant commun à diverses langues, donc universel (Gréciano, 1991 : 14).

En ce qui concerne les recherches croates, Šojat (2009) aborde les propriétés syntaxiques et sémantiques du verbe en tant qu’élément central de la phrase qui « détermine le nombre, la forme ainsi que le type d’autres éléments qui doivent ou peuvent apparaître dans une phrase » (Šojat, 2009 : 306). Marković (2012) pour sa part, attribue au verbe un « statut privilégié » étant donné que ses propriétés de « régissant » sont les plus développées de toutes les parties du discours. Par conséquent, l’auteur entend la valence comme la capacité de la tête – le composant central du syntagme – à régir les composants dépendants ou ses subordonnés. Cet auteur a recours au terme de valence pour désigner le nombre de constituants dépendants obligatoires (les constituants facultatifs étant qualifiés de circonstants) (Marković, 2012 : 228-229). Quant au rapport entre valence et rection, Samardžija estime que la valence serait en réalité un concept plus large de celui de la rection verbale (Samardžija 1993 : 8).

À l’heure actuelle, les considérations théoriques portent sur les relations entre actant et circonstant, notamment sur l’adjet, un type de complément dont il est difficile d’attribuer l’appartenance à l’une de ces deux catégories (Roig, 2018, 2022). La théorie de la valence continue d’être largement appliquée à la langue allemande, surtout à son histoire : la confection d’un dictionnaire des valences verbales attestées au cours de trois périodes du vieux-haut allemand a fait l’objet d’une étude de Robin (2022), tout comme ses recherches sur la relation entre la théorie de la valence et la grammaire de construction (sur l’évolution de la théorie de la valence, cf. Robin, 2022 : 327).

Dans sa réflexion sur la valence des verbes, Tesnière lui-même se pose la question de savoir si toutes les valences d’un verbe doivent être nécessairement remplies. Ainsi emploie-t-il l’adjectif « saturé » lorsqu’il explique « qu’il n’est jamais nécessaire que les valences d’un verbe soient toutes pourvues de leur actant et que le verbe soit, pour ainsi dire, saturé. Certaines valences peuvent rester inemployées ou libres » (Tesnière, 1959, ed. 1988 : 238).

C’est précisément dans le fait que toutes les valences ne doivent pas être remplies que s’ouvre l’espace pour le concept de « saturabilité » en tant que potentiel valenciel et de « saturation » comme réalisation de ce potentiel.    

En ce sens, dans le contexte français, Blanche Benveniste, dans le cadre de l’approche pronominale, évoque un « ensemble virtuel des emplois de verbe » et une « réalisation concrète » (Blanche Benveniste, 2002 : 61). D’autres chercheurs, nous semble-t-il, distinguent de manière implicite entre saturabilité et saturation des valences verbales : Le Querler (2012) évoque « le nombre théorique d’actants » qu’un verbe peut admettre et les « verbes effectivement trivalents » ou la « trivalence actualisée », tandis que Eynde et Mertens (2006) décrivent le « paradigme maximal » et les « réalisations syntagmatiques (possibles) ».

Quant aux chercheurs croates, Mikelić Preradović met l’accent sur la capacité du verbe à ouvrir, au niveau de la phrase, des positions qui doivent ou peuvent être remplies par des membres ayant une définition sémantique (Mikelić Preradović, 2014 : 8). La valence pour Šojat apparaît comme le « rapport qui existe entre le verbe et d’autres éléments qui doivent ou peuvent apparaître avec lui dans la phrase », pour introduire par la suite d’un côté la « valence conceptuelle » et de l’autre, les participants typiques et attendus dans l’événement (Šojat, 2009 : 315).

Dans son ouvrage La théorie des ensembles et l’analyse linguistique (2021 [1987]) Kačić établit une claire distinction entre « saturabilité » et « saturation ». S’appuyant d’abord sur la théorie de la valence, puis sur la théorie des ensembles et finalement sur son propre concept de grammaire « énonciative-événementielle », qui met l’événement au cœur d’un énoncé (Kačić, 2021 : 261), il attribue à la notion de saturation la qualité de « notion générale relationnelle » qui exprime la possibilité de remplir une place, même avec un zéro. Une relation (ou verbe) non-saturée est celle dont les positions cherchent à être saturées, c’est pourquoi cette relation est dite saturable (p. ex. le verbe manger en tant que relation à deux positions peut devenir la relation à une position si une celle-ci est saturée (ou remplie) par zéro ou bien si on lui enlève une position (ibid. p. 280).

Selon Kačić, on ne peut pas augmenter le nombre de positions (actants) dans une relation, et si cette même relation (verbe) peut apparaître avec un nombre différent de sites, on doit définir ce verbe (ou son cadre valenciel) avec le plus grand nombre de positions ; par conséquent, les verbes dormir et faire dormir sont deux verbes différents, tandis que le verbe manger dans Pierre mange et Pierre mange une pomme représentent deux réalisations différentes d’un même verbe (ibid. p. 284).

Dans le cadre de la grammaire événementielle, où le verbe (V) représente un événement, les P1 et P2 sont des participants dans cet événement (la notion de participant est empruntée à Martinet, cf. Kačić 2021 : 275). Voici le schéma général :

 

V (P1, P2)

 

Si l’on introduit la catégorie de « positions » (p1 et p2) (fonctions : sujet grammatical et objet grammatical) occupées par les participants, le schéma se présentera comme le montre la figure suivante (Fig. 1) et correspond, selon Kačić, à la phrase Pierre bat Paul :

 

Figure 1 : Schéma de la phrase Pierre bat Paul selon Kačić (2021 : 276)

D’autre part, si les participants changent de position, on obtient la phrase Pierre est battu par Paul (en français ceci correspondrait à l’échange de places, en croate au changement de cas), la relation devient est battu :

 

Figure 2 : Schéma de la phrase Paul bat Pierre selon Kačić (2021 : 277)

Dans cette même perspective, Kačić propose d’autres schémas pour les diathèses passive, réciproque, récessive et causative. Son approche pourrait potentiellement être exploitée à des fins de simplification et d’adaptation didactique.

Avezard-Roger (2022) va plus loin en estimant que « Tesnière entend la valence comme une potentialité plutôt qu’une obligation » : en effet, elle évoque d’autres réflexions sur la saturabilité et saturation, notamment celle de Martinet (1985) qui se réfère aux fonctions spécifiques et non-spécifiques ou celle de Lazard qui introduit des critères morphosyntaxiques pour distinguer les différents actants et circonstants (Avezard-Roger, 2022 : 388).

Ces considérations théoriques nous conduisent à la notion de cadre de valence ou cadre valenciel. Par cadre de valence on entend le nombre et la nature des compléments du verbe, « spécifiant pour chaque position sa fonction syntaxique, son caractère obligatoire ou facultatif, ses réalisations syntagmatiques possibles et certaines restrictions de sélection » (Eynde et Mertens, 2006 : 5).

Dans ce qui suit, nous nous proposons de rappeler l’importance de la dimension pédagogique de Tesnière, pour ouvrir, dans un deuxième temps, la question de la mise en œuvre du concept du cadre de valence dans des répertoires valenciels (dictionnaires et bases de valences).

 

2. Souci pédagogique de Tesnière 

 

Qu’il nous soit permis de rappeler la dimension didactique de l’ouvrage de Tesnière et l’attention particulière que ce linguiste exceptionnel prête à l’enseignement des langues étrangères. En effet, le souci pédagogique de Tesnière (Cortès et Sainte-Martine, 1995 ; Mazziotta, 2019 ; Verdelhan Bourgade, 2022 : 370) imprègne toute l’œuvre des Éléments de syntaxe structurale : le discours dans les Éléments est à la fois scientifique et didactique (Franić, 2011), avec le stemma qui revêt une finalité didactique, dans la mesure où il permet de visualiser les relations syntaxiques (Rousseau, 1995 : 75). Des études récentes abordent la possibilité de transposer la notion de la valence verbale à l’enseignement (Avezard-Roger, 2022). La finalité pédagogique du concept de valence et de l’enseignement de la grammaire en général a récemment fait l’objet de recherches par Verdelhan Bourgade et Avezard-Roger, dans Neveu et Roig (dir.) (2022). Michèle Verdelhan Bourgade aborde le lien qu’instaure Tesnière entre linguistique et enseignement : elle présente les expérimentations pédagogiques qu’entreprend Tesnière à l’aide de sa théorie (entre 1937 et 1942), puis elle évoque les retombées régionales pour finalement expliquer les raisons historiques, institutionnelles (éducatives) et personnelles d’un effacement, d’ailleurs paradoxal, de la théorie tesniérienne, engloutie par la vague de la linguistique appliquée (Verdelhan Bourgade, 2022 : 380).

Revenons aux Éléments, en particulier à ses chapitres 276 et 277 : Tesnière y fournit des indications pédagogiques portant sur la manière d’intégrer le contenu et la méthodologie de la syntaxe structurale dans la programmation et la pratique pédagogique ; il veut que la méthode soit « facilement accessible » afin que les apprenants puissent « bénéficier pleinement des avantages de la simplification ».

Dans le chapitre intitulé « Programme d’étude de la syntaxe structurale », il note la nécessité d’agir progressivement, c’est-à-dire par « petites doses » en ajoutant qu’il convient de « s’assurer qu’une notion soit parfaitement comprise et solidement acquise avant de passer à la suivante ». D’où l’autre nécessité « d’un programme portant l’indication de l’ordre le mieux adapté à l’acquisition des principes de la syntaxe structurale dans l’enseignement. » À tout cela, il ajoute une « esquisse de programme indiquant une progression-type régulière. » (Tesnière, 1959, ed. 1988 : 658), v. aussi Franić (2021 : 89-91).

Par ailleurs, dans cette esquisse, on prévoit l’enseignement de la valence et des actants à un niveau avancé d’apprentissage, c’est-à-dire dès que l’apprenant maîtrise les notions fondamentales, telles que la phrase à un actant, à deux actants, à trois actants, puis à un second niveau le circonstant, et enfin, au troisième niveau la connexion (Tesnière, 1959, ed. 1988 : 658 ; ch. 277, 5). Les indications pédagogiques nous révèlent une approche didactique bel et bien directe, innovative et ouverte, qui s’appuie par ailleurs sur l’intuition de l’apprenant dans la découverte de mécanismes inhérents à la structure linguistique.

C’est précisément cette « accessibilité » et le « caractère ouvert » de la méthode, qui nous guide dans notre intention d’étudier l’intégration des cadres de valence dans des répertoires valenciels en vue de vérifier des applications pédagogiques possibles dans le contexte contrastif.

Comme nous l’avons postulé dans l’Introduction, il serait d’une grande importance pour chaque apprenant, d’avoir à sa disposition les descriptions de valences verbales tant de la langue à apprendre comme de sa langue première (L1) ou maternelle (LM). De fait, les nouvelles connaissances de la langue à apprendre sont comparées intuitivement aux connaissances antérieures acquises soit en LM, soit dans d’autres langues étrangères (Doca, 1981, selon Damić Bohač et Pećnik, 2018). Qui plus est, lors de l’acquisition d’une langue étrangère, l’apprenant maîtrise progressivement des structures plus simples et puis les structures plus complexes (principe de « complexité croissante » et de « progression » de Tesnière). Autrement dit, dans les étapes initiales d’acquisition il maîtrise d’abord les verbes plus fréquents et plus représentatifs ; une fois acquis, un modèle ou schéma sera transposé ou appliqué dans d’autres contextes ou emplois (Bassano, 2010 ; Viberg, 2002). En ce sens, il serait crucial qu’un apprenant puisse trouver en un seul endroit des schémas valenciels parallèles des verbes de la langue à apprendre et ceux de sa L1 ou LM. N’oublions pas la nécessité de simplifier, soulignée par Tesnière dans ses indications pédagogiques.

Dans la section suivante, nous présenterons les caractéristiques les plus importantes des dictionnaires et bases valenciels, avec un aperçu général de leurs objectifs et de leur structure, dans une optique contrastive. En effet, nous voudrions vérifier, dans ce qui suit, comment parvenir à donner une description satisfaisante de valences des verbes français et croate, qui répondrait à la fois aux exigences méthodologiques et fournirait aux utilisateurs (apprenants) des informations fiables et d’utilisation facile.

 

3. Dictionnaires et bases de valences verbales : contexte contrastif, besoins des apprenants et simplifications nécessaires

 

Au cours des dernières décennies, la valence, de manière plus ou moins systématique, représentait un concept fondamental pour l’élaboration de divers dictionnaires de valence des verbes, ce qui a été particulièrement intensifié grâce à l’utilisation des technologies de la langue.

Un dictionnaire valenciel ou dictionnaire de valences verbales regroupe des verbes avec les descriptions de leurs valences, plus précisément leurs cadres ou schémas valenciels. Ces recueils sont d’une utilité incontestable pour la description linguistique d’une langue, leur objectif étant de dresser un inventaire de constructions attestées afin de constituer la typologie de schémas valenciels ou « modèles de phrases » dont fait mention, déjà en 1993, M. Samardžija (1993 : 12). Cette typologie de schémas ou modèles serait appelée à jouer un rôle très important dans l’enseignement des langues compte tenu du fait que « les verbes jouent un rôle crucial dans le traitement du langage » (« verbs have a central role in language processing ») (Viberg, 2002).

Dans la continuité des recherches sur les valences en tchèque menées par Sgall (Description générative fonctionnelle) et Panevá, Samardžija et al. 1993 ont également développé le « Dictionnaire de valence des verbes croates » (1993 ; v. ch. 4.1.), suivi plus tard par Mikelić Preradović qui a élaboré le CROVALLEX (2014), tandis que Brač et Bošnjak Botica ont développé une base de valences pour les verbes croates (2015). En ce qui concerne le français, les cadres valenciels sont répertoriés dans le Dicovalence (Eynde et Mertens, 2006) ainsi que dans le LexValf (Salkoff et Valli, 2005), alors que pour le slovaque il existe la base de valences des verbes slovaques (2018 ; v. ch. 4.2.). De manière générale, on peut déplorer que les dictionnaires de valences sont encore peu nombreux (Pognan, 2018 : 121).

Par ailleurs, au fil des décennies, l’analyse comparative a été consacrée à l’étude des langues « en contraste » (en principe, en confrontant deux langues) dans le but d’exposer leurs dissemblances et ressemblances. Se situant dans la tradition de la grammaire comparée (Cuq, Gruca, 2005 : 390), l’analyse contrastive met l’accent surtout sur la structure, la pratique et l’apprentissage inductif. Dans ce cadre théorique et méthodologique, les études contrastives appliquées au domaine lexicographique (bilingue) ne sont guère nombreuses. Pour le contexte croate, nous pouvons citer les recherches anglo-croates de R. Filipović dans les années 1980, au sein du projet « The Zagreb English-Croatian Contrastive Project » qui rend compte des correspondances ainsi que des écarts valenciels entre deux langues (Samardžija, 1993 : 75).

Compte tenu du plurilinguisme de plus en plus répandu, les recherches contrastives de la valence des verbes dans différentes langues se poursuivent et se développent ; ces recherches s’avèrent un peu plus intensives dans la période passée, notamment dans le domaine des valences comparées pour les langues russe – tchèque, anglais – tchèque, slovaque – français, et slovaque – tchèque – français (Lemay et Pognan, 2018). Il convient de mentionner également le dictionnaire des verbes allemand – italien (16 000 constructions, 2 000 verbes), développé à l’Université de Heidelberg[1].

Bien que la théorie de la valence ait reçu un écho plus important dans les années 1980 et 90 du siècle passé, avec un nombre significatif de dictionnaires contrastifs, ce sont des années 2000 qui marquent un nouvel essor dans la construction des bases de données et des dictionnaires valenciels fondés sur une approche empirique par corpus et grâce aux technologies numériques. Des recherches contrastives portant sur les schémas (cadres) valenciels du français et du slovaque montrent que les dictionnaires valenciels bilingues attirent de nouveau l’attention des chercheurs. On peut relier ce développement à l’évolution cyclique dont parle Robin (2022 : 327) se référant à deux cycles : celui de la valence verbale et celui de la grammaire de construction.

D’une part, on est en présence du besoin de l’apprenant de trouver, en un seul endroit, les informations sur la valence du verbe (ou des verbes de la L1/LM et de la L2), ses traits grammaticaux et sémantiques, ainsi que le nombre de compléments demandé (Samardžija, 1993 : 75). D’autre part, pour répondre à ce besoin, le linguiste sera amené à simplifier et à adapter les cadres valenciels existants à des fins didactiques.  

En ce qui concerne la macro- et microstructure d’un dictionnaire valenciel bilingue, il convient de souligner d’emblée les considérations de Maček (1993) sur les principaux défis rencontrés lors de l’élaboration du dictionnaire valenciel bilingue croate-anglais, à finalité didactique. L’auteure évoque la nécessité de définir au préalable la finalité du dictionnaire et les utilisateurs du dictionnaire, puis de définir l’étendue du dictionnaire et le choix du matériel ainsi que la profondeur de la description valencielle.

De même, Maček (1993 : 61) se penche sur le critère de la fréquence du verbe : les verbes les plus fréquents en anglais ne seront pas forcément les plus fréquents en croate. En ce qui concerne l’ordre des langues, l’anglais viendra en premier lieu pour les utilisateurs qui ont besoin d’une description valencielle détaillée de verbes anglais. Sur quelques exemples des verbes anglais et croates, l’auteur souligne la difficulté d’élaborer un dictionnaire dit bi-directional valency dictionary : il ne peut pas fournir une description valencielle aussi satisfaisante (exhaustive) pour les deux langues. En conséquence, un tel dictionnaire s’avère être peu cohérent. Une meilleure solution serait d’opter pour deux dictionnaires valenciels à sens unique (two one-directional dictionaries).

Dans ce qui suit, nous présenterons brièvement deux dictionnaires valenciels, fondés sur un cadre théorique et méthodologique contrastif : le premier dictionnaire met en rapport les langues croate et française alors que le second se focalise sur la relation entre le slovaque et le français.

 

3.1. Dictionnaire de valences des verbes croates

 

Dans le recueil intitulé Analyse contrastive des langues anglaise et croate (Filipović, 1993), plusieurs contributions sont présentées portant sur les différentes questions de valence verbale, dans une perspective contrastive. Le recueil comprend également le « Dictionnaire de valences des verbes croates », rédigé par un groupe d’auteurs, avec l’anglais comme langue de référence (langue cible). Dans une étude préalable, un des auteurs, M. Samardžija, souligne la nécessité de confectionner des dictionnaires valenciels du fait du « caractère insuffisant et incomplet des informations » relatives à la valence prévus dans les manuels lexicographiques mono- et bilingues (Samardžija, 1993 : 75). En conséquence, les dictionnaires de valences sont dotés d’une forte fonction didactique : ils fournissent tant aux apprenants qu’aux enseignants des informations par rapport au « nombre de compléments exigés par un verbe, ainsi qu’aux traits grammaticaux et sémantiques des compléments, etc. » (Samardžija, 1993 : 75).

Par ailleurs, ce dictionnaire valenciel comprend les cinquante verbes croates les plus courants, avec des exemples traduits en anglais. Compte tenu de la forte teneur didactique de l’ouvrage, manifesté dans des études préalables, le corpus constitué de cinquante verbes représentatifs a été extrait de manuels de la langue croate pour les étrangers (pour la liste, cf. Samardžija, 1993 : 79).

Pour illustrer la démarche méthodologique, nous présentons dans la Figure 3, la description valencielle du verbe dati ‘donner’, avec des exemples traduits en anglais :

 

Figure 3 : Description valencielle sous l’entrée dati ‘donner’

 

Comme on peut le voir dans cet extrait, dans la 1ère colonne on cite la paire aspectuelle dati pf. vs. davati impf., ainsi que la forme de la 3ème personne sg., puis le participe présent et le participe passé. Dans la 2ème colonne, on observe les traits morphologiques des compléments (locutions prépositionnelles, avec et les marques casuelles correspondantes) tandis que la 3ème colonne est réservée à des exemples accompagnés de leurs traductions respectives en anglais.  

 

3.2. La valence comparée slovaque-français

 

Lemay et Pognan (2018) dans une perspective d’analyse contrastive de la valence de différents groupes sémantiques de verbes slovaques avec leurs correspondants français, font le point sur plusieurs études : d’un côté il abordent l’étude de la valence dans le cadre du même groupe linguistique (le tchèque et le russe) et l’étude de la valence dans le cadre de langues appartenant à deux groupes différents (le tchèque et l’anglais). Il ressort de ces études, que sur un ensemble d’environ 1 850 verbes, 70% des verbes possèdent la même valence, ce qui est bien différent lorsque les prépositions entrent en jeu : seulement 5,6% des verbes possèdent la même valence. Les études plus récentes montrent que sur la base de 1 473 couples de verbes appartenant à cinq classes sémantiques du Vallex, seulement 7,5% (111 verbes) présentent une différence de cadre valenciel (Lemay et Pognan 2018 : 122-123).

En ce qui concerne la valence comparée anglais-tchèque, les recherches menées dans le cadre de la construction d’un dictionnaire bilingue de valences permettent d’apprécier les identités et les différences de structures valencielles dans deux langues typologiquement différentes : la totale identité de structure existe, selon les auteurs (Lemay et Pognan 2018 : 125) dans environ 45% des cadres valenciels.

Quant à la valence contrastive slovaque-français, les études menées dans le cadre du projet « Valenčné potencie slovies v kontraste » ont pour objectif l’élaboration d’un dictionnaire de valences slovaque-français, avec le slovaque comme langue de départ. Ces recherches traitent d’un ensemble de 36 verbes slovaques et de leurs équivalents français, regroupés en 14 ensembles selon le critère d’aspect verbal. Deux grands corpora soutiennent ce projet : le Trésor national de la langue slovaque et le corpus français Le Monde 0.3. Plusieurs aspects ont été abordés durant l’étude : la question de l’aspect verbal (povedat’ et hovorit’ vs. parler) ainsi que la non-correspondance des formes réflexives impersonnelles du slovaque et passives impersonnelles du français (Lemay et Pognan 2018 : 125).

 

4. Cadre valenciel dans les différentes sources (dictionnaires, bases, corpus)

 

Les recherches contrastives français-croate sont encore peu nombreuses. En ce qui concerne notre étude, nous ne citerons que les recherches portant sur quelques phénomènes syntaxiques notamment sur les symétries/asymétries syntaxiques des schémas de complémentation verbale, la diathèse causative ainsi que sur les patrons syntaxiques et les significations de Damić Bohač, (1996, 2011, 2012) et de Bikić Carić, (2007, 2017). Du fait qu’il n’existe pas encore de recherches approfondies sur la « correspondance » des cadres de valence entre ces deux langues, il nous paraît important, lors de la confection d’un dictionnaire de valences français-croate, de commencer par se limiter à un petit groupe de verbes et en partant d’un répertoire plus petit de verbes, comme ce fut le cas avec le dictionnaire valenciel anglais-croate (1993) ou slovaque-français (2018).

Compte tenu des réflexions théoriques ainsi que des démarches méthodologiques exposées jusqu’ici, lors de la constitution d’un dictionnaire valenciel à finalité didactique, nous ferons, dans ce qui suit, des observations propédeutiques.

 

4.1. Nombre et choix de verbes à traiter 

 

Le nombre de verbes à répertorier dans le dictionnaire dépendra largement de sa finalité ainsi que du public visé. Dans le cas du « Dictionnaire de valences des verbes croates » (Samardžija et al., 1993), les auteurs ont puisé dans des manuels de croate langue étrangère. Trois décennies plus tard, le choix de verbes s’avère être beaucoup plus asisé grâce aux supports numériques ; toutefois, n’oublions pas les enseignements tirés du Niveau Seuil (champs de référence, notions ou organisation du niveau lexico-sémantique).  

Les recherches antérieures pertinentes pour notre approche (Lemay et Pognan, 2018 ; Samardžija, 1993) révèlent deux orientations possibles : partir d’un nombre restreint de classes sémantiques de VALLEX (p. ex. motion, communication, mental action) ou opter pour un groupe de verbes, par exemple comme les verbes psychologiques. Ceci pourrait faciliter le traitement des verbes appartenant à un même groupe et permettrait une meilleure comparabilité entre les deux langues (cf. la recherche slovaque-française comportant 36 verbes).

En outre, les informations sur la « fréquence des verbes » peuvent servir de point de référence pour déterminer les principes généraux du choix des verbes à traiter, comme le souligne Maček (1993). Les recherches réalisées à ce jour permettent d’identifier les verbes français les plus fréquents : être, avoir, faire, dire, pouvoir, aller, voir, savoir, vouloir, venir (cf. Picoche 2005 pour le Dictionnaire des fréquences de Brunet) et pour le croate : biti ‘être’, htjeti ‘vouloir’, moći ‘pouvoir’, imati ‘avoir’, znati ‘savoir’, reći ‘dire’, trebati ‘falloir’, vidjeti ‘voir’, morati ‘devoir’, nemati ‘litt. ne pas avoir’ (Moguš et al., 1999). On s’aperçoit que les équivalents croates des verbes faire, aller et venir, respectivement činiti, ići, doći ne figurent pas dans la liste incluant  les dix verbes croates les plus fréquents.

 

4.2. Verbes et leurs valences dans les dictionnaires mono- et bilingues et bases valencielles

 

Dans les dictionnaires bilingues on ne trouve pas toujours d’informations sur la valence verbale ; le plus souvent on ne trouve que des marques métalinguistiques (grammaticales) se référant au caractère transitif ou intransitif du verbe.

Il convient de dire d’emblée que le verbe donner, en tant que verbe support en français, fonctionne comme verbe prédicatif bivalent ou trivalent (donner qqch à qqn, donner sur) et comme verbe qui accompagne un nom prédicatif donner forme, donner lieu, donner envie, etc. Dans ce dernier cas, la valence serait plutôt une propriété du nom (Gaston, 2012 ; Fasciolo, 2021).

 

Dictionnaire bilingue français-croate

 

Au vu du contenu de ce dictionnaire (Putanec, 2012), nous n’observons pas de références explicites à la valence – et ce, sans surprise, puisque les dictionnaires bilingues sont destinés à un public assez hétérogène : apprenants et professionnels qui cherchent des équivalents suffisamment précis et qui désirent communiquer et donc comprendre et produire en L2. Néanmoins, pour le verbe donner nous observons plusieurs équivalents croates (Putanec, 2012 : s. v. donner) :

 

donner v. 1. dati, davati, pružati, dijeliti, podijeliti; ulijevati; predati, podati; nuditi; posvetiti; zada(va)ti; biti rodan, obilan; upasti, zapasti, udariti o što, uletjeti, utrčati; jurišati, navaliti; slijegati se (o stropu); reći; kazati; nazivati.

 

Après cette série d’équivalents croates, dans le cadre de l’entrée donner, suivent quelques expressions avec le verbe donner : donner à dîner, donner le bonjour, donner le jour (la vie), donner un coup de main, donner un coup, donner la mort, etc. On ne trouve pas d’informations sur la valence du verbe donner, l’utilisateur doit observer le verbe dans le contexte (p. ex. dans l’expression donner à diner, le comparer avec l’équivalent croate ‘dati večerati’ afin de comprendre la valence de donner. Néanmoins, de nombreux équivalents seraient d’une grande utilité pour la mise en correspondance des verbes des deux langues (en l’occurrence, le français et le croate).

 

Les dictionnaires de langue générale : français et croate 

 

Ces dictionnaires s’avèrent être beaucoup plus fiables et riches en informations sur la valence verbale vu l’exhaustivité de la partie explicative (définitions). Voici l’entrée donner tirée du « Petit Robert » (en ligne) et l’entrée dati ‘donner’ attestée dans le « Veliki rječnik hrvatskoga jezika » (VRH) ou Grand dictionnaire de la langue croate, afin d’illustrer le cas du croate (pour simplifier, nous avons supprimé des exemples) :

 

Le Petit Robert : DONNER

donner - Définitions, synonymes, conjugaison, exemples | Dico en ligne Le Robert

 

I. verbe transitif : Mettre (qqch.) en la possession de qqn (donner qqch. à qqn).

1. Abandonner à qqn sans rien demander en retour (une chose que l’on possède ou dont on jouit). 

2. au figuré Faire don de.

3. Donner qqch. pour, contre qqch

4. au figuré Donner qqch. pour (+ verbe). Confier (une chose) à qqn, pour un service. 

II. verbe transitif : Mettre à la disposition de qqn (donner à)

1. Mettre à la disposition, à la portée de. 

2. Organiser et offrir à des invités, à un public. 

3. Communiquer, exposer (qqch.) à qqn. 

4. Transmettre, provoquer (une maladie). 

5. Accepter de mettre (qqch.) à la disposition, à la portée de qqn. 

6. (avec deux compléments de personne) Donner sa fille (en mariage) à un jeune homme.

7. familier Dénoncer à la police. Son complice l'a donné

8. littéraire, passif Être donné à : être possible pour… 

9. Assigner à qqn, à qqch. (une marque, un signe, etc.). 

10. Donner à (+ infinitif) Confier. 

III. verbe transitif : Être l’auteur, la cause de.

1. Donner l'alarme. Donner des soins à qqn.

Produire (une œuvre). 

2. (le complément exprime un sentiment, un fait psychologique) Cela me donne une idée. 

3. (choses concrètes) sans complément indirect Produire. 

Familier : Avoir pour conséquence, pour résultat. 

4. Appliquer, mettre. 

5. Conférer (un caractère nouveau) à (qqn, qqch.) en modifiant. 

6. Considérer (une qualité, un caractère) comme propre à qqn, à qqch. 

7. Donner pour : présenter comme étant. 

IV. verbe intransitif

1. Porter un coup (contre, sur). 

2. Se porter (dans, vers). 

3. Attaquer, charger, combattre.

4. Donner sur : être exposé, situé ; avoir vue, accès sur. 

 

Définition de se donner​​​ verbe pronominal

 

1. réfléchi Faire don de soi-même. 

sans complément Se montrer. 

2. passif Être donné ; avoir lieu, être représenté. 

3. faux pronominal Donner à soi-même. 

4. réciproque Échanger. 

 

Veliki rječnik hrvatskoga jezika (2015) : DATI

 

I. prijel. (koga, što ; komu, što)

1. pružiti komu što, predati što iz ruke u ruku

2.a. prepustiti što komu drage volje, bez naknade

2.b. ostaviti što komu, odrediti što za koga

3. ponuditi što komu

4. dodijeliti komu već stečeno pravo na što

5. pokloniti komu sve svoje osjećaje

6. udijeliti što komu

7. steći što u vlasništvo za novčanu naknadu

8.a. ustupiti što komu bez novčane naknade

8.b. ustupiti što komu za novčanu naknadu

9. dopustiti što komu

10. procijeniti, odrediti godine, doba života

11. naručiti da tko što učini za koga

12. izdati kakav nalog, odobriti što

13. poslati, uputiti koga na kakav posao ili u kakvu školu

14. pristati na brak, ugovoriti brak

15.a. donijeti plod, roditi

15.b. proizvesti ili donijeti što kao konačan rezultat

16. izvesti pred publikom

17. (imp.) izriče poticanje

18. imati volje za što

19. podati se

20. prikazati, opisati što

21. zadati komu što

22. izraziti, izreći što

23. učiniti, napraviti što

 

dati se (povr.)

1.a. prepustiti se čemu bez otpora ili sustezanja, u punoj mjeri (o ljudima)

1.b. (kao nepunoznačni glagol dopunjuje punoznačni) biti podatan za rukovanje, ne opirati se obradbi, radnji ili oblikovanju (o stvarima)

2. odati se čemu, prionuti na što

3 (komu) a. pristati na spolni odnos s kime (o ženskoj osobi), b. prepustiti se čijem utjecaju, podrediti se komu

4.a. krenuti se razvijati kako b. krenuti kamo

5. (3.l.) moći što

 

Dans les deux extraits, nous observons, d’une part, les « marqueurs » de valence en termes de métalangage : pour le français transitif, intransitif, réfléchi, passif, réciproque et pour le croate, des abréviations prijelaz., ‘transitif’ ou neprijel., ‘intransitif’ ou povr., ‘réfléchi’. D’autre part, on renvoie au type de complément par le biais des pronoms komu ‘à qui’ et što ‘quelque chose’, accordés aux cas correspondants, en l’occurrence le datif et l’accusatif auxquels on a recours en croate, p. ex. dati (komu, što) ‘donner (quelque chose à quelqu’un)’ comme dans l’exemple Britanci su taj jezik dali Amerikancima ‘Les Britanniques ont donné cette langue aux Américains’ (v. Figure 4, ci-dessous), où -ima dans Amerikancima représente la marque du datif pluriel. A la différence du croate, où l’on a recours aux marques casuelles, en français ce sont des prépositions que l’on utilise le plus souvent pour exprimer le type de complément, comme par exemple dans le cas du verbe donner, où le complément d’objet direct est introduit par la préposition à : donner de l’argent à quelqu’un (Dictionnaire Le Robert, s. v. donner).

La répartition des significations permet une analyse détaillée de correspondances (pour dati on ne note que ‘transitif’, pour le français ‘transitif’ et ‘intransitif’). Sans vouloir entrer dans les détails du traitement lexicographique, une description sémantique minutieuse permettrait des comparaisons nécessaires. Comme nous avons expliqué ci-dessus, les cadres valenciels diffèrent au premier abord : en français on observe deux schémas mettre qqch en la possession de qqn (donner qqch à qqn) et mettre à la disposition de qqn (donner à). En croate, semble-t-il, on ne dispose que d’une seule construction ou schéma actanciel : dati koga što, komu što ‘donner quelqu’un (ou) quelque chose, à quelqu’un ou à quelque chose’.

Notons par ailleurs, qu’il est nécessaire de déterminer le cadre maximal pour les paires de verbes des deux langues, c’est-à-dire tous les compléments (constituants dépendants obligatoires). Pour ce qui est des constituants facultatifs (les circonstants), on peut les marquer de façon appropriée (par exemple, les mettre entre parenthèses) (cf. Samardžija, 1993). Nos considérations théoriques en ce qui concerne la saturabilité et la saturation pourraient servir d’orientation dans la détermination du caractère des arguments (obligatoire, facultatif, typique) et des conditions d’omission de certains arguments (p. ex. de l’objet direct)[2].

 

Les verbes et leurs prépositions (Chollet, Robert, 2007)

 

Ce précis, sous forme de guide pratique, comprend environ 1800 verbes français les plus fréquents, y compris leurs constructions avec les prépositions. L’utilisateur peut accéder facilement aux informations sur les valences des verbes ; les exemples illustratifs et représentatifs permettent à l’apprenant d’appréhender la valence verbale dans son contexte. L’ouvrage étant destiné aux étudiants étrangers, les auteurs ont tenté de simplifier en vue de faciliter l’emploi des verbes aux apprenants. Les verbes sont donc présentés de façon pratique, comme dans l’exemple ci-dessous du verbe donner (Chollet et Robert 2007 : 72-73).

 

Donner

quelque chose à quelqu'un Elle a refusé de lui donner son numéro de téléphone.

sur quelque chose La chambre donne sur le jardin.

quelque chose pour quelque chose / quelqu’un Il dit être prêt à donner sa vie pour ses idées.

donner à + infinitif Sylvain donne à boire à ses invités.

donner quelque chose à + infinitif Elle a donné son linge à laver.

 

Ce répertoire, d’ailleurs bien restreint, est un bon exemple de simplification à des fins didactiques : on y trouve un petit nombre de significations (le(s) critère(s) de choix ne sont pas mentionnés) ; le verbe est suivi d’une liste de compléments, sous forme indéfinie « quelque chose, quelqu’un » (y compris les prépositions introduisant l’infinitif COD). Le dictionnaire comprend l’index, avec le répertoire alphabétique de verbes, accompagnés de la mention d’un des huit « types de construction », ce qui facilite la lecture à l’utilisateur.

 

Bases de valences verbales 

 

Les bases de valence peuvent donner une image très claire du cadre de valence des verbes. Or, ces formules particulièrement complexes et abstraites, truffées de symboles et d’abréviations représentent, sans doute, un outil précieux pour un linguiste, mais elles semblent avoir en définitive peu d’utilité pour un apprenant. En conséquence, ces bases de données devraient servir de de référence dans le cadre d’une approche intégrale visant à élaborer des répertoires didactiques de valences à caractère contrastif. La figure suivante (fig. 4) donne à voir un extrait du cadre valenciel du verbe dati ‘donner’ dans la base CROVALLEX.

 

Figure 4 : Capture d’écran pour le verbe dati ‘donner’ dans la base CROVALLEX CROVALLEX 1.0 (ffzg.hr) (accédé le 15 mars 2023)

 

4.3. Extraction du corpus

 

Par le biais d’une démarche fondée sur l’usage, on parvient à déterminer les schémas ou les modèles les plus fréquents. Les deux corpus qui peuvent satisfaire à la condition de la comparabilité seraient, à notre avis, le frWac (corpus de textes français collecté à partir du domaine.fr  Corpus info: frWaC (French Web) (clarin.si) et le hrWac (corpus de textes croates recueillis à partir du domaine.hr Corpus info: hrWaC (Croatian Web) (clarin.si), Nous remercions notre collègue Marta Petrak d’avoir introduit, au sein de sa thèse, l’idée de faire des recherches contrastive franco-croates à partir de ces deux corpus.

Les deux corpus contiennent respectivement plus de 1,6 milliard de mots pour le français et 1,4 milliard pour le croate. Les corpus sont traités et consultables avec le support du logiciel accessible au public NoSketchEngine. D’après Bošnjak Botica et al. (2022), le recours au corpus pourrait pallier les défauts d’un dictionnaire : imprécision, caractère partiel, intuition et subjectivité du concepteur (rédacteur) du dictionnaire. Néanmoins, la prudence s’impose lors de l’interprétation des résultats des recherches de corpus (Bošnjak Botica et al., 2022 : 45). Notons également que l’on ne peut pas éliminer l’intuition (la subjectivité du linguiste) puisque c’est lui-même qui opère le choix entre des milliers d’occurrences fournies par le traitement automatique (statistique).

A titre d’illustration, les figures suivantes (5 et 6) montrent les résultats de recherche pour les verbes dati ‘donner’ dans le corpus hrWac et donner dans le corpus frWac :

 

  Figure 5 : Capture d’écran avec les résultats de recherche pour le verbe dati ‘donner’ dans le corpus hrWac (saisie le 14 mars 2023)

Query dati, N.*  327,042  >   GDEX  327,042 (233.98 per million)

 

 

 

Figure 6 : Capture d’écran avec les résultats de recherche pour le verbe donner dans le corpus frWac (saisie le 14 mars 2023)

Query donner, N.* 117,052 (72.56 per million)

 

 

Les deux figures montrent en définitive de nombreux cas où les verbes donner et dati sont accompagnés de noms : donner lieu, donner envie, donner droit pour le français et dati savjet ‘donner conseil ; conseiller’, dati ime ‘donner un nom ; nommer’ pour le croate, avec peu d’exemples où ces verbes fonctionnent comme verbes prédicatifs : daju (dati) novac ‘(ils) donnent (donner) de l’argent’ et dati lijek ‘donner le médicament’. Notons que des recherches plus détaillées et ciblées pourraient fournir des informations plus précises sur la fréquence des verbes et la réalisation de leurs valences dans différents contextes.

Comme nous disposons d’un nombre très limité de sources pour le croate, qui n’abondent pas en informations sur la valence, la démarche méthodologique visant à élaborer un dictionnaire bilingue valenciel français-croate devra s’appuyer sur les bases valencielles existantes pour les deux langues (voir ch. 3), tout comme sur les dictionnaires monolingues et bilingues disponibles.

 

En guise de conclusion

 

Au terme de cette étude, il apparaît que le domaine de la valence verbale demeure encore peu exploré dans la perspective contrastive. Cependant, en raison des contacts de langues de plus en plus significatifs et compte tenu des besoins des individus de parler et d’apprendre des langues, la théorie de la valence verbale, plaçant le verbe au centre de l’étude des langues en tant que noyau de la phrase, reste plus que jamais d’actualité. Qui plus est, Tesnière montre tout son enthousiasme quant à la nécessité d’apprendre et de parler les langues en nous adressant ses paroles de linguiste et de didacticien : « Pratiquez réellement les langues dont vous parlez et ayez en une connaissance qui ne soit pas seulement livresque. Parlez les langues étrangères ». (Tesnière, 1959, ed. 1988 : 662).  

C’est pourquoi, dans cette contribution nous avons tenté d’approfondir les notions de valence et de cadre de valence en vue de leur application en didactique des langues, dans une optique contrastive. Dans un premier temps, nous avons présenté des recherches pertinentes liées à la théorie de la valence, en particulier dans des contextes français et croate. Par le biais des concepts de saturabilité et de saturation de la valence verbale (introduits par ailleurs par Tesnière) nous avons mis en avant la nécessité de décrire le verbe, dans des répertoires valenciels, avec le nombre maximal de valences qu’il peut recevoir. Pour ce qui est des descriptions valencielles à finalité didactique, le cadre de valence devra nécessairement être simplifié et/ou adapté afin que l’apprenant puisse mieux appréhender les verbes de la langue à apprendre en les comparant avec les verbes et leurs valences dans sa L1 ou LM.

De même, nous avons donné un aperçu des recherches relatives à la théorie de la valence verbale, dans leurs aspects théoriques et pratiques (élaboration de dictionnaires et bases valenciels). Nous avons montré que nombre de chercheurs, tant français que croates, distinguent de façon implicite entre « saturabilité » et « saturation », ce qui nous semble important pour la rigueur et la cohérence de la description dans des répertoires valenciels : tout verbe doit être décrit avec son cadre maximal de valences et sa description doit expliciter tout autant les conditions d’omission de certains arguments ou actants.

Étant donné que Tesnière a proposé d’importantes innovations pédagogiques, en liant ses orientations théoriques aux besoins des apprenants de « parler » les langues étrangères, nous avons présenté ses recommandations pédagogiques, notamment les démarches didactiques nécessaires afin d’enseigner la valence verbale. Compte tenu de ses indications et étant donné l’existence de bases et de dictionnaires valenciels désormais, nous avons proposé un certain nombre d’orientations utiles lors de l’élaboration des répertoires valenciels à finalité didactique : de tels répertoires, simplifiés et adaptés, pourrait répondre aux besoins des apprenants de trouver en un seul endroit les informations sur la valence d’un verbe. Voici quelques-unes de ces orientations : a) nombre et choix des verbes : soit partir d’un nombre restreint de classes sémantiques ou opter pour un groupe de verbes (de perception ou les verbes psychologiques) ; b) exploiter au maximum le potentiel des dictionnaires de langue générale (répartition des significations), des dictionnaires bilingues (équivalents) ainsi que des bases valencielles (descriptions détaillées des cadres de valence) ; c) recourir aux corpus comparables (démarche fondée sur l’usage des verbes).

 

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[1] Accessible sur le lien https://www.uni-heidelberg.de/fakultaeten/neuphil/iask/sued/wiv/wiv.html.[2] Nous tenons à remercier les évaluateurs-experts pour leur suggestions et conseils qui nous ont beaucoup aidés à éclairer certaines idées dans ce chapitre.

 

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Quelques emprunts aux Eléments de syntaxe structurale de Tesnière, dans le contexte d’une classe de japonais langue étrangère (L2) en Master FLE, pour l’enseignement de l’adjectif japonais dans la phrase attributive

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Résumé Cet article part du constat d’une erreur commise par des apprenants de japonais L2, dans un cursus de Master 2 FLE. Elle concerne l’équivalence erronée postulée par ces apprenants entre da / desu et être, et par là une confusion avec iru / aru (traduisible par être) dans leurs exercices. Quelques emprunts à la théorie tesnérienne, permettent de visualiser qu’aussi bien en français qu’en japonais, ces unités ne sont pas rectrices, et qu’en japonais l’adjectif ayant les traits d’un...

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